Le blogueur Esmaïl Jafari libre depuis le 18 mars

Le 18 mars 2009, le blogueur Esmaïl Jafari, rédacteur du blog Rah Mardom (“La voie du peuple” - http://www.poutin.blogfa.com) est sorti de la prison centrale de Bushehr, où il était détenu depuis le 15 décembre 2008. Accusé de “publicité contre le régime” et d'“atteinte à la sécurité nationale”, il avait été condamné à cinq mois de prison. Il a été libéré sous caution. Le montant de la caution s'élève à 50 millions de tomans (environ 40 000 euros). ---------------- 11.12.2008 - Les autorités renforcent la surveillance d'Internet, un cyberdissident condamné à cinq mois de prison Reporters sans frontières condamne les récentes décisions prises par les autorités iraniennes leur permettant d'accentuer la répression dans le domaine de l'Internet, alors qu'un cyberdissident vient d'être condamné à une lourde peine de prison ferme pour couverture d'une manifestation. Le 10 décembre 2008, Saïd Mortazavi, procureur général de ville de Téhéran, a annoncé que le “parquet spécial pour les délits sur Internet” allait dorénavant collaborer avec les services de renseignements. “A défaut de pouvoir contrôler plus de dix-huit millions d'internautes, le gouvernement a choisi l'intimidation. La décision prise par Saïd Mortazavi est révélatrice de la situation d'Internet en Iran : sous contrôle et considéré comme un espace dangereux. La création d'un “parquet spécial pour les délits sur Internet” est la conséquence d'un projet plus large des autorités, qui vise non seulement à surveiller le contenu du Web, mais prévoit également des peines d'une sévérité immense, comme la peine de mort pour les crimes commis sur Internet. Nous dénonçons l'étendue du pouvoir de cette instance, qui est un outil de répression redoutable et un excellent motif d'autocensure”, a déclaré l'organisation. Dans un entretien avec l'agence officielle Fars, Saïd Mortazavi a déclaré que le gouvernement avait renforcé “l'ensemble des moyens pour poursuivre les sites qui ne suivent pas les principes de la religion et qui sont immoraux.” Depuis 2003, le gouvernement est doté d'une commission dédiée à l'établissement d'une liste noire de sites Internet jugés “illégaux” (parmi eux : YouTube, Facebook et Orkut). Un parquet spécial, qui décide des actes de censure, est composé d'une équipe de spécialistes informatiques et, selon le procureur, il est dorénavant prévu que “deux inspecteurs spéciaux collaborent avec les services de sécurité”. “Ce parquet est déjà à l'origine du démantèlement de plusieurs groupes agissant sur Internet à l'encontre du gouvernement”, a-t-il ajouté. Ainsi, “l'espace Internet sera sécurisé car les activités antireligieuses et immorales y seront jugées”. Un conseiller de Saïd Mortazavi avait déjà déclaré, le 19 novembre, que les autorités étaient à l'origine du filtrage de “cinq millions de sites Internet.” Ces dernières semaines, le site http://www.wechange.info a connu son dix-huitième blocage en deux ans et http://www.feministschool.com son huitième. Le blog http://www.zhila.net, est également inaccessible. Il appartient à Jila Bani Yaghoub, directrice du site womeniran.com et avocate, qui défend régulièrement le droit des femmes en Iran. Dans ce contexte, le 6 décembre, Esmail Jafari, rédacteur du blog Rah Mardom (“la voie du peuple” - http://www.poutin.blogfa.com), a été condamné à cinq mois de prison pour avoir couvert une manifestation d'un vingtaine d'ouvrière de Bushehr (sud-ouest de l'Iran) devant la préfecture de la ville, protestant contre leurs licenciements, en avril. Il a été condamné pour “publicité contre le régime” et “divulgation d'informations à l'étranger”. Arrêté le 7 avril, Esmail Jafari avait été libéré dix-sept jours plus tard en payant une caution de 50 millions de toman (env. 45 000 euros). Il avait alors été inculpé d'“espionnage” et de “divulgation d'informations à l'étranger”. Malgré sa condamnation, Esmail Jafari a été laissé en liberté. Son avocat a décidé de faire appel. “Nous condamnons cette décision de justice qui fait d'Esmail Jafari le troisième cyberdissident menacé d'emprisonnement en Iran en 2008. Un intolérable acharnement est exercé à l'encontre des internautes dans le pays. Nous demandons l'abandon des charges à son encontre”, a déclaré Reporters sans frontières. Esmail Jafari est journaliste pour les hebdomadaires locaux Nassr Bousher et Baharestan. Actuellement, le théologien et journaliste en ligne Mojtaba Lotfi est détenu à la prison de la ville sainte de Qom et Shahnaz Gholami, directrice du weblog Azar Zan (http://azarwomen.blogfa.com/) et membre de l'Association des femmes journalistes (ARZ), est détenue à la prison de Tabriz (nord-ouest de Téhéran) depuis le 9 novembre. Sur le mandat d'arrêt de cette dernière, il est mentionné que “des articles ont été trouvés à son domicile, portant atteinte à la sécurité nationale” mais également que “l'accusée a clairement déclaré avoir publié ces articles sur son weblog, accessible à tous”. Elle n'a pas encore pu voir son avocat ni sa fille de 9 ans. Par ailleurs, Maître Nasrin Sotoudeh, avocate de plusieurs journalistes et cyberdissidents du pays, a été interdite de sortir d'Iran, le 10 décembre, pour se rendre en Italie, où elle devait recevoir un prix international des droits de l'homme. Son passeport a été confisqué par des agents du ministère des Renseignements.
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Updated on 20.01.2016