Le bihebdomadaire indépendant Belorusskaya Delovaya Gazeta asphyxié financièrement

Le 27 juin 2005, la cour Kastrychnitski de Minsk a confirmé la condamnation d'Irina Khalip, rédactrice en chef du bihebdomadaire indépendant Belorusskaya Delovaya Gazeta (BDG), et de son journal, à respectivement 4 500 dollars et 23 000 dollars de dommages et intérêts. Arkady Mar, rédacteur en chef du journal new-yorkais Russkaya Amerika, avait porté plainte à la suite de la publication, le 22 février, d'un article sarcastique dans lequel Irina Khalip accusait le journaliste américain d'avoir l'intention d'extorquer de l'argent aux autorités de Minsk, en échange d'un numéro spécial de 12 pages extrêmement favorable au président Alexandre Loukachenko. La Cour suprême a également confirmé le 27 juin l'avertissement du ministère de l'Information adressé le 13 avril à BDG pour violation de l'article 5 de la loi sur les médias. Le bihebdomadaire avait publié le 3 mars un article sur une affaire de justice intitulé « La guerre virtuelle entre une petite fille et sa grand-mère », sans avoir obtenu l'autorisation préalable du juge. Les autorités seront en droit de fermer BDG si le journal reçoit un nouvel avertissement au cours de l'année. - - - - - - Une amende disproportionnée menace d'asphyxier financièrement un bihebdomadaire indépendant 13 avril 2005 Reporters sans frontières exprime sa désapprobation après la condamnation, le 11 avril 2005, d'Irina Khalip, rédactrice en chef adjointe du bihebdomadaire indépendant Belorusskaya Delovaya Gazeta (BDG), à verser une amende de près de 3 500 euros. La cour du district de Kastrychnitski (Minsk) la poursuivait pour diffamation envers un certain Arkady Mar, présenté comme étant le rédacteur en chef du Russkaya Amerika, journal basé aux Etats-Unis. BDG a été condamné à verser une amende d'environ 17 800 euros de dommages et intérêts à cette même personne. « Ces amendes infligées à une rédactrice et à son journal pour avoir commenté une pseudo-interview du président Alexandre Loukachenko (photo) sont totalement disproportionnées. Les autorités du Bélarus démontrent une nouvelle fois qu'elles ne supportent pas les voix dissidentes dans le pays, en cherchant à asphyxier financièrement un des rares journaux indépendants qui subsistent. L'institution judiciaire bélarusse ne devrait pas être un instrument de l'exécutif. Ce type de pratique est scandaleux et constitue un déni de justice inconcevable dans un cadre démocratique », a déclaré l'organisation. Arkady Mar, le plaignant à l'origine du procès, aurait interviewé le 14 février 2005 Alexandre Loukachenko, lui ayant promis une douzaine de pages positives consacrées à sa personne dans un exemplaire de son journal à paraître. Le 22 février 2005, BDG avait publié, sous la plume d'Irina Khalip, un article sarcastique intitulé « Les habitants de l'Oklahoma ne découvriront rien sur Loukachenko », suivi d'une lettre de Valery Tarasov, rédacteur du Russkaya Amerika en Oklahoma, déclarant qu'aucun collaborateur du journal n'avait interviewé le président du Bélarus. D'après la journaliste, le but d'Arkady Mar était de soutirer de l'argent aux autorités du Bélarus, en échange de la promesse de publier un reportage favorable au Président dans un média étranger, à l'heure où l'équipe au pouvoir à Minsk est de plus en plus montrée du doigt par la communauté internationale. Alexandre Loukachenko serait, d'après Irina Khalip, le troi sième chef d'Etat à s'être fait manipuler de la sorte. Pendant le procès, le juge a rejeté la demande de la journaliste d'interroger l'ambassade américaine au Bélarus pour savoir si Arkady Mar était effectivement rédacteur en chef du Russkaya Amerika. Arkady Mar, qui avait d'abord réclamé un million de dollars de dommages et intérêts à la suite de la parution de l'article d'Irina Khalip, n'a même pas daigné assister au procès. D'après la rédactrice en chef adjointe de BDG, les poursuites en diffamation auraient été menées en coulisse par Mikhail Charhinets, président de la commission permanente de l'Assemblée nationale, et Aleh Pralyaskowski, directeur adjoint pour l'idéologie au sein de l'administration présidentielle. Les autorités du Bélarus n'en sont pas à leur premier coup d'essai pour tenter de supprimer BDG : en janvier 2004, Belpochta, la poste bélarusse, qui achemine les journaux aux abonnés dans tout le pays, ainsi que l'entreprise de distribution d'Etat Belsayuzdruk, avaient annulé leur contrat avec le bihebdomadaire pour l'année 2004, l'obligeant à être imprimé à l'étranger. Le ministre de l'Information avait également suspendu la parution du journal, le 28 mai 2003, pour trois mois, à la suite de poursuites pour diffamation envers Alexandre Loukachenko.
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Updated on 20.01.2016