Reporters sans frontières dénonce le contrôle exercé par les autorités égyptiennes sur les médias, notamment audiovisuels. Après le code de la presse - un texte liberticide - et la loi d'urgence, en vigueur depuis octobre 1981, le Parlement égyptien se penchera en novembre 2008 sur une nouvelle législation concernant l'audiovisuel qui suscite de nombreuses inquiétudes.
Reporters sans frontières dénonce le contrôle exercé par les autorités égyptiennes sur les médias, notamment audiovisuels. Après le code de la presse - un texte liberticide - et la loi d'urgence, en vigueur depuis octobre 1981, le Parlement égyptien se penchera en novembre 2008 sur une nouvelle législation concernant l'audiovisuel qui suscite de nombreuses inquiétudes. Plusieurs sociétés de production, collaborant avec des télévisions satellitaires étrangères, ont été censurées depuis le début de l'année.
"Les autorités égyptiennes ne cessent de se doter de nouveaux outils pour étouffer la liberté d'expression. Malgré sa diversité, peu égalée dans la région, la presse égyptienne souffre, comme dans d'autres régimes arabes autoritaires, du carcan du contrôle politique", a déclaré l'organisation.
"Nous demandons aux membres du Parlement de rejeter le nouveau projet de loi présenté par le gouvernement et d'œuvrer à la libéralisation de l'audiovisuel et à la dépénalisation des délits de presse", a ajouté Reporters sans frontières.
Le gouvernement a présenté au Parlement, en juin 2008, un projet de loi sur l'audiovisuel qui représente un danger pour les professionnels des médias de ce secteur. Ce texte, qui introduit de nouvelles peines allant d'un mois à trois ans de prison, menace la liberté de parole des journalistes, qui pourront être poursuivis pour "atteinte à la paix sociale, à l'unité nationale, à l'ordre public et aux valeurs de la société". Rédigée en grande partie dans des termes vagues, cette nouvelle loi prévoit notamment la création d'une structure de tutelle (l'Agence nationale pour la régulation de l'audiovisuel) qui aurait toutes les prérogatives pour décider arbitrairement du retrait de la licence d'un média. Sa direction sera assurée par des représentants du ministère de l'Information ainsi que des membres des services de sécurité de l'Etat.
L'Etat égyptien s'est lancé depuis le début de l'année 2008 dans une campagne contre les chaînes de télévision indépendantes. Au mois de février, Le Caire a été à l'origine de l'adoption, par les pays de la Ligue arabe, d'une charte commune qui restreint la liberté de diffusion des chaînes de télévision satellitaires et prévoit des sanctions en cas d'offenses dans le contenu de leurs programmes. Ce document a été dénoncé par les professionnels des médias, mais pas par le directeur général de Nilesat SA, opérateur satellitaire propriété du gouvernement égyptien, qui soutient la mise en place d'un organe de régulation à l'échelle régionale chargé de la distribution des licences. Il est vrai qu'ainsi, la censure serait du fait de la communauté des Etats arabes et non plus du gouvernement égyptien seulement. Jusqu'à présent, les télévisions qui souhaitent émettre sur Nilesat doivent obtenir l'approbation du Caire. Les chaînes contestataires n'y sont pas les bienvenues. A l'inverse du Qatar qui offre à Al-Jazira une grande latitude pour traiter de l'information régionale, l'Egypte continue de contrôler scrupuleusement la ligne éditoriale des télévisions qu'elle accueille sur son satellite. Le 1er avril 2008, Nilesat avait retiré de son bouquet la chaîne de télévision privée Al-Hiwar sans fournir d'explications.
Dans une autre affaire, les autorités ont ordonné, le 28 août 2008, à la société de production Cairo Video Sat d'annuler l'enregistrement de deux émissions destinées à la télévision satellitaire Al-Hurra, chaîne arabophone financée par le gouvernement des Etats-Unis. Ces programmes, ayant pour thème "les jeunes et la politique", devaient être diffusés dans l'émission phare de la chaîne "Un œil sur la démocratie". Par ailleurs, Nader Gohar, directeur de l'agence Cairo News Company (CNC), est toujours poursuivi pour "constitution d'un réseau de communication sans autorisation" et "diffusion sans permis". La cinquième audience de son procès a été fixée au 26 octobre 2008. Il risque jusqu'à trois ans de prison. Principal fournisseur d'équipements audiovisuels pour de nombreux médias étrangers, l'agence CNC a été fermée par les forces de l'ordre suite à la diffusion sur Al-Jazira, l'un de ses principaux clients, d'images de manifestations survenues dans le nord du pays en avril 2008. Selon le Réseau arabe d'information sur les droits de l'homme (ANHRI, basé en Egypte), deux autres agences, Cairo Sat et Arab News Agency, auraient également subi des pressions des autorités.