Reporters sans frontières publie son cinquième classement mondial de la liberté de la presse. "Les journalistes nord-coréens, érythréens, turkmènes, cubains, birmans ou chinois paient de leur vie ou de leur liberté le fait de vouloir nous informer. Nous sommes également inquiets de la lente mais constante dégradation de la situation aux Etats-Unis, en France et au Japon", a déclaré Reporters sans frontières.
Des pays africains dégringolent au classement, d'autres remontent
L'Ethiopie (160e) a chuté lourdement d'une trentaine de places, après la rafle et le procès d'une vingtaine de directeurs de journaux, arrêtés en même temps que les dirigeants de la coalition d'opposition. Le pays du Premier ministre Meles Zenawi retrouve donc le bas du classement, après avoir connu un court épisode d'espoir.
L'alliance d'une police zélée et d'une justice influençable a, cette année encore, envoyé des journalistes en cellule en Afrique, notamment au Niger (95e) et au Cameroun (112e), où un reporter australien a été détenu pendant plusieurs jours et où le comportement dangereux de certains journaux les a envoyés devant les tribunaux. La situation s'est également dégradée nettement au Burundi (125e), en raison de l'agressivité grandissante du gouvernement élu en 2005, issu de la rébellion hutue, envers les médias privés. Menaces publiques, poursuites judiciaires kafkaïennes et démonstrations de force ont fait perdre 35 places à ce petit pays de la région des Grands Lacs. Enfin, le strict contrôle de l'information et l'hostilité affichée envers les correspondants étrangers, pendant la période électorale, ont fait perdre plus d'une trentaine de places à l'Ouganda (116e).
De même, aux Seychelles (95e), l'année électorale s'est déroulée sur fond d'omniprésence du gouvernement dans les médias publics et de campagne d'intimidation de la presse d'opposition. L'archipel paradisiaque de l'océan Indien a donc perdu 23 places.
Malgré un climat toujours aussi troublé, la Côte d'Ivoire (98e), de son côté, a gagné plus de quarante places en raison du calme relatif ayant régné pour les journalistes, après plusieurs années noires. Abidjan reste toutefois une ville dangereuse pour la presse. En janvier 2006, les "Jeunes Patriotes" ont une fois de plus pris en otage, par la force, la radiotélévision publique.
De son côté, Madagascar (66e) gagne une trentaine de places après une année calme, sans violences et sans fermetures de médias.