L'acharnement continue

Reporters sans frontières s’étonne du réquisitoire du procureur Elchin Nagiev le 30 juin 2010, à l’encontre du journaliste Eynullla Fatullayev. Celui-ci demande trois ans de prison pour le journaliste accusé d’avoir été en possession illégale de drogue. Eynulla Fatullayev se trouve en détention, condamné en 2008 à plus de huit ans de prison pour ses critiques du pouvoir en place. Le 29 décembre 2009, 0,22 gramme d’héroïne ont été trouvés dans sa cellule et sur ses vêtements. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a exigé, le 22 avril, la libération du journaliste, considérant sa peine purement politique, abusive et contraire à la liberté d’expression. Les autorités n’ont à ce jour pas accédé à sa demande. Pour l’organisation, il s’agit plus que jamais d’un acharnement juridico-politique sur un journaliste indépendant. Celui-ci, en effectuant son travail, s’est attiré les foudres des autorités qui veulent le contraindre au silence par quelque moyen que ce soit. La décision de la CEDH, qui a pourtant force obligatoire, la grève de la faim du journaliste et la mobilisation internationale n’ont rien changé. La justice reste sourde à toutes les manifestations et déclarations appelant à sa libération. Si le tribunal suit le réquisitoire du procureur, le journaliste pourrait passer les trois prochaines années de sa vie dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité. Le procès se poursuit, mais pour Eynulla Fatullayev, il ne fait aucun doute que « les autorités veulent ( le) garder en prison le plus longtemps possible ». Pour Reporters sans frontières, l’ensemble des mesures prises à l’encontre du journaliste est de nature politique. L’approche des élections parlementaires, qui auront lieu en novembre prochain, n’est certainement pas étrangère à ce harcèlement judiciaire, les autorités voulant probablement empêcher un de leurs critiques de couvrir la campagne et le scrutin.
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Updated on 20.01.2016