Reporters sans frontières dénonce la fermeture de la station privée Sahara FM, la principale radio d'Agadez (Nord), par le Conseil supérieur de la communication (CSC), estimant qu'il s'agit d'une dérive autoritaire qui ne servira qu'à aggraver la situation dans le nord du pays.
Reporters sans frontières dénonce la fermeture de la station privée Sahara FM, la principale radio d'Agadez (Nord), par le Conseil supérieur de la communication (CSC), estimant qu'il s'agit d'une dérive autoritaire qui ne servira qu'à aggraver la situation dans le nord du pays.
"Le gouvernement nigérien est engagé dans une fuite en avant répressive qui, en réalité, dessert ses intérêts. Cette décision est dangereuse, dans la mesure où elle prive les Nigériens d'une source d'information indépendante dans la région la plus troublée de leur pays. Sans elle, la population est donc soumise à la loi de la rumeur et la confusion. Notre respect pour les Nigériens nous oblige à penser qu'en temps de crise, ils ont le droit à une information complète et diversifiée", a déclaré l'organisation.
Le 22 avril 2008, le CSC, organe de régulation des médias au Niger, a ordonné la fermeture de Sahara FM "pour une durée indéterminée", après que la radio a diffusé des témoignages de victimes d'exactions de soldats nigériens. Dans son procès-verbal, le CSC indique que cette décision a été prise "sans préjudice de poursuites pénales".
Le 18 avril, le directeur de la radio, Raliou Hamed-Assaleh, a été convoqué à Niamey à cette occasion, après que le gouverneur et le commissaire de police d'Agadez s'étaient plaints de la diffusion de témoignages prétendument "dangereux" d'habitants de la région, sous prétexte que ceux-ci "appellent à la haine ethnique et sapent le moral de l'armée". "Nous avons simplement diffusé le récit de choses vécues", a déclaré Raliou Hamed-Assaleh à Reporters sans frontières.
Le 3 avril, Amnesty International avait publié un rapport sur une "nouvelle vague d'exécutions extrajudiciaires" et de "disparitions forcées" commises par l'armée nigérienne dans la région d'Agadez.
Moussa Kaka, directeur de la station privée Radio Saraounia, correspondant au Niger de Radio France Internationale (RFI) et Reporters sans frontières, est incarcéré depuis le 20 septembre 2007 à Niamey. Il est accusé de "complicité d'atteinte à l'autorité de l'Etat" pour ses contacts téléphoniques avec la rébellion touarègue qui sévit dans le nord du Niger. Pour des raisons similaires, Ibrahim Manzo Diallo, directeur de publication du bimensuel privé Aïr Infos, publié à Agadez, avait été arrêté le 20 octobre 2007, avant d'être libéré le 6 février 2008.