Reporters sans frontières s'insurge contre le traitement réservé au journaliste Cornelius Nduna et aux trois correspondants de l'agence de presse américaine Associated Press (AP), à Harare, Jan Raath, Tsvangirai Mkwazhi et Angus Shaw, menacés d'arrestation sous prétexte de se livrer à des activités d'espionnage.
Reporters sans frontières s'insurge contre le traitement réservé au journaliste, Cornelius Nduna, correspondant pour plusieurs médias étrangers, et condamne le raid de la police, le 14 février 2005, dans les locaux de l'agence de presse américaine Associated Press (AP), situés à Harare. Jan Raath, Tsvangirai Mkwazhi et Angus Shaw, tous trois correspondants d'AP et de divers médias étrangers, ont été menacés d'arrestation sous prétexte de se livrer à des activités d'espionnage.
« Un peu plus d'un mois avant les élections parlementaires du 31 mars, le gouvernement réaffirme, une fois de plus, sa volonté de traiter les journalistes en ennemis d'Etat, a déclaré Reporters sans frontières. Le comportement paranoïaque des autorités qui accusent régulièrement la presse étrangère d'espionnage pour le compte d'Etats occidentaux est indigne et inadmissible, à l'heure où le Zimbabwe doit se conformer aux critères démocratiques de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (Southern Africa Development Community, SADC) », a conclu l'organisation.
Depuis une semaine, une équipe de la Central Intelligence Organisation (CIO), les services secrets zimbabwéens, a entamé une chasse à l'homme contre Cornelius Nduna, pigiste de plusieurs agences internationales et journaux étrangers. N'ayant pas été trouvé à son bureau, la CIO le soupçonne d'avoir quitté le pays en possession de deux cassettes vidéo « très sensibles » pouvant être dangereuses pour l'Etat si elles devaient tomber dans les mains de « l'ennemi », a déclaré à Reporters sans frontières l'avocate des journalistes, Beatrice Mtetwa.
Cornelius Nduna se serait procuré ces cassettes auprès de la chaîne publique Zimbabwe Broadcasting Corporation(ZBC), par l'intermédiaire d'un employé de la Zimbabwe Broadcasting Holding (ZBH, groupe audiovisuel public). Selon Beatrice Mtetwa, ces cassettes contiendraient des images « sensibles », filmées dans « des camps d'entraînement de la jeunesse », où s'entraîneraient les milices responsables des agressions et assassinats, ces trois dernières années, de membres du parti d'opposition, Movement for Democratic Change (MDC). Ces milices avaient, par le passé, brûlé des exemplaires de nombreux titres de presse : The Independent, The Daily News, The Financial Gazette et The Standard, dont ils avaient également empêché la distribution dans les zones rurales.
Du prétendu matériel d'espionnage
Le soir du 14 février, plusieurs officiers de police ont fait irruption dans les bureaux d'AP à Harare. Ils ont interrogé les journalistes sur place pendant deux heures et ont tenté de confisquer leur matériel. Selon les déclarations de la police, l'équipement satellite des journalistes était susceptible d'interférer avec les transmissions de la sécurité d'Etat. Les accusant d' « espionnage » et d'avoir eu une attitude « hostile » envers le gouvernement du président Robert Mugabe, les officiers allaient se saisir du matériel, mais l'arrivée au bureau de l'avocate des journalistes, Beatrice Mtetwa, a fait baisser la tension.
Les officiers de police ont insisté pour s'enquérir des accréditations de Jan Raath et Tsvangirai Mkwazhi, délivrées par la Commission des médias et de l'information (MIC), organe de régulation de la presse étroitement contrôlé par le pouvoir. Leur inscription étant en cours, les journalistes n'avaient pas encore reçu leur accréditation définitive. Cependant, la loi zimbabwéenne autorise les journalistes en cours d'accréditation à travailler, s'ils possèdent une facture, preuve de leur inscription. La loi ultrarépressive sur l'accès à l'information et la protection de la vie privée (AIPPA) prévoit des peines de prison de deux ans pour les journalistes travaillant sans être accrédités par la MIC. Les officiers de police ont ensuite promis de « revenir » pour s'occuper « des espions ». Le 15 et 16 février, ils n'ont trouvé personne à leur arrivée dans les locaux d'AP. Beatrice Mtetwa a déclaré que ses clients étaient aujourd'hui en sécurité.