La répression sans fin des journalistes et des médias

Reporters sans frontières condamne la répression continue des médias et des journalistes en Iran. Le mensuel Chashm Andaz, à Téhéran, a été suspendu, et l’hebdomadaire Saymareh, à Kohdashat Lorestan, a été obligé d’arrêter ses activités suite à des pressions judiciaires. L’organisation a également appris qu’un journaliste avait été emprisonné et qu’un blogueur en détention était actuellement en danger de mort après avoir entamé une grève de la faim. Le 7 décembre 2011, Lotfolah Méysami, directeur du mensuel Chashm Andaz (" Panorama" en persan), a été informé par le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique que la licence de publication de son journal avait été annulée par une décision de la 15e chambre du tribunal de la Révolution à Téhéran, prononcée le 23 novembre 2011. Lotfolah Méysami a également été condamné à cinq ans d'interdiction d’exercer ses activités journalistiques. Le journaliste a protesté contre cette décision, prise lors d’une audience dont il n’avait pas été informé. Lotfolah Méysami a été plusieurs fois convoqué par différents tribunaux de Téhéran ces dernières années. Saymareh, un influent hebdomadaire de l’ouest du pays (Lorestan), a été obligé de mettre un terme à ses activités suite aux pressions de responsables politiques locaux. Dans son numéro du 18 septembre 2011, le journal avait publié un article humoristique intitulé : « Seuls les dictateurs et les ânes ne se trompent pas », pour dénoncer les dictateurs et leur politique. Plusieurs responsables locaux ont qualifié l’article d’« insulte contre le caractère sacré de l’islam », menant une campagne de harcèlement et portant plainte contre le journal. Saymareh a décidé de suspendre ses publications jusqu’au rendu du verdict du tribunal. Lors de l’audience du 27 novembre 2011, les jurés n’ont pas laissé l’avocat de l'hebdomadaire terminer sa plaidoirie. «Ce n’est pas la justice, mais une parodie de justice. Les tribunaux de la république islamique jugent les médias en l’absence des accusés, les jurés se font complices des organes de la répression. Les journalistes sont arrêtés sur ordre de tribunaux inéquitables, placés à l'isolement, privés de tous leurs droits et de toute possibilité de recours. Leurs vies sont en danger », a déclaré Reporters sans frontières. Le blogueur Hossein Ronaghi Maleki a entamé une grève de la faim depuis le 12 décembre 2011 pour protester contre sa situation de détention. Malgré deux opérations des reins et un état de santé très fragile, ce défenseur des droits de l’homme ne bénéficie pas des soins nécessaires. Ses jours sont aujourd’hui en danger. Arrêté le 13 décembre 2010, il purge une peine de quinze ans de prison. « L’acharnement de la justice et du ministère des Renseignements contre ce net-citoyen est inacceptable. Nous tenons Sadegh Amoli Larijani, chef du pouvoir judiciaire en Iran, Heydar Moslehi, ministre des Renseignements, et Abbas Jafari Dolatabadi, procureur général de Téhéran, responsables de sa vie », a ajouté l’organisation Reporters sans frontières a appris l’arrestation, le 1er décembre 2011, de Farshad Ghorbanpour, journaliste collaborant avec plusieurs journaux réformateurs, notamment Sharvand emroz (suspendu en 2009), Farhikhteghan et Mehrnameh. Le journaliste avait été condamné à un an de prison ferme et 50 millions Rial (4000 euros) par la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran pour "propagande contre le régime", "action contre la sécurité nationale", et pour avoir reçu de l’argent illégalement de la part de médias basés à l’étranger. Un jour après son arrestation, le journaliste a pu informer sa famille de son transfert au dortoir n°350 de la prison d’Evin. La blogueuse Rojin Mohammadi a été libérée le 10 décembre 2011. Elle avait été arrêtée le 21 novembre 2011 à Téhéran, suite à sa convocation au parquet situé à la prison d’Evin.
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Updated on 20.01.2016