La répression des médias s'intensifie

Shorai Katiwa et Martin Chimenya, journalistes de la radio pirate Voice of the People (VOP), ont été arrêtés, le 2 juin, par des anciens combattants et des jeunes supporters du parti au pouvoir, le Zimbabwe African National Union Patriotic Front (ZANU-PF). Ces derniers les ont interrogés, ont confisqué leurs téléphones portables et leurs magnétophones et les ont battus après les avoir accusés d'appartenir au principal parti d'opposition, le Movement for Democratic Change (MDC). Les deux journalistes ont ensuite été conduits dans un commissariat. Lors d'un interrogatoire, ils ont dû indiquer qu'ils envoyaient leurs reportages à partir d'un ordinateur au domicile de John Masuku, le coordinateur de VOP. La police a alors procédé à une perquisition et saisi l'ordinateur ainsi que des dossiers administratifs de la radio. N'ayant rien trouvé de suspect, elle a remis en liberté les journalistes et rendu les objets confisqués. Par ailleurs, dans la nuit du 3 juin, des policiers en uniforme ont harcelé Luke Tamborinyoka et Precious Shumba, journalistes au Daily News, le seul quotidien indépendant du pays, et les ont forcés à ramper sur une surface dure. Reporters sans frontières dénonce le climat de répression et d'insécurité auquel doivent faire face les journalistes indépendants. L'organisation de défense de la liberté de la presse a demandé au président de la République, Robert Mugabe, de veiller à ce qu'une enquête soit menée sur ces exactions et que les responsables soient poursuivis en justice. "Les journalistes doivent pouvoir travailler en toute liberté et en toute sécurité dans le pays", a insisté Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Reporters sans frontières rappelle que le Zimbabwe reste le pays le plus répressif d'Afrique australe à l'encontre des médias. VOP est l'une des deux seules radios à avoir réussi à contourner la loi zimbabwéenne interdisant les radios privées, en émettant sur ondes courtes au Zimbabwe depuis les Pays-Bas. C'est aussi l'un des seuls médias indépendants à toucher les populations rurales, sans accès à la presse, puisque ses émissions sont diffusées en shona et en ndebele, les deux principales langues du pays. Ses locaux à Harare avaient déjà été l'objet d'un attentat en août 2002. Par ailleurs, Reporters sans frontières condamne fermement la destruction par les partisans du ZANU-PF de plusieurs milliers d'exemplaires des publications indépendantes que sont The Daily News, The Financial Gazette, The Standard et The Zimbabwe Independent, durant la semaine du 2 juin. The Associated Newspapers Group (ANZ), l'éditeur du Daily News, a estimé que plus de 2 500 numéros du Daily News avaient été détruits dans la seule journée du 2 juin. Reporters sans frontières dénonce également les agressions à l'encontre de lecteurs du Daily News, qui ont été frappés par les supporters du ZANU-PF, et rappelle le droit à la liberté d'opinion et à la liberté d'expression qui sont garanties à la section 20 de la Constitution zimbabwéenne.
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Updated on 20.01.2016