La réponse scatologique de Twitter aux journalistes est inadmissible
Le service de presse de Twitter envoie désormais automatiquement un emoji “crotte” aux journalistes souhaitant obtenir des informations sur l’entreprise et entrer en contact avec ses responsables. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette énième marque de mépris du patron de Twitter à l’égard des médias.
Dernière gaminerie en date du patron de Twitter, le service de presse du réseau social aux plus de 200 millions d’utilisateurs quotidiens, renvoie désormais automatiquement un emoji “💩” lorsqu’on cherche à le contacter par mail. Cette nouvelle “stratégie de communication” a été annoncée par Elon Musk en personne, à en croire que le tweetomane incarnera désormais la seule parole publique de l’entreprise. Dans un contexte où l’entreprise s’est séparée de la moitié de ses salariés, le service presse aurait-il été fermé ? Après cette fanfaronnade puérile, RSF dénonce le mépris affiché à l’égard des journalistes et des médias du directeur général de Tesla et Space X qui a racheté Twitter il y a moins de six mois.
“Le passif d’Elon Musk à l’égard des journalistes donne une odeur singulière à cette nouvelle insulte méprisante qu'il leur adresse. Cette volonté d’humilier les journalistes, du niveau d’un caïd de cour d’école, est absolument indigne de la part d’un dirigeant d’un espace informationnel majeur."
Vincent Berthier
Responsable du bureau technologies de RSF
Cette nouvelle provocation s’inscrit dans la droite lignée du mépris affiché d’Elon Musk pour le journalisme. Cet aspect de sa politique se reflète autant dans cette pitrerie que dans le bannissement de certains comptes de journalistes de sa plateforme ou dans l’un de ses vieux rêves de monter une plateforme du nom de Pravda (du nom de média officiel du Parti communiste de l’Union soviétique) pour noter les journalistes et humilier la presse.
D’après un document publié par Vox comme étant la transcription d’une réunion entre le directeur général de Twitter et ses employés en juin 2022, Elon Musk avait affirmé qu’une partie de son intérêt sur la plateforme venait du fait qu’elle lui permettait de communiquer directement avec son public, sans s’ennuyer à rédiger un communiqué de presse qui transiterait par la médiation des journalistes. À l’époque, Elon Musk n’était pas encore propriétaire de la plateforme.
Le mépris de l’homme d’affaires pour les journalistes n’est donc pas un épisode isolé, marqué du sceau de la nouveauté, mais apparaît bien comme le résultat d’une démarche personnelle.
Contacté par RSF pour obtenir des explications sur la manière dont M. Musk considère les journalistes et l’importance de leur travail pour la démocratie, le réseau social a répondu :
“💩”