La rédactrice en chef d'un journal d'opposition kazakh interpellée en Russie

Le 9 mars 2004, Irina Petrushova, rédactrice en chef de l'hebdomadaire d'opposition khazakh Assandi Times (ex-Respublika), a été interpellée pendant quelques heures à Saint-Pétersbourg par la police russe, sur la base d'un mandat d'arrêt délivré par les autorités kazakhes. "Irina Petrushova est harcelée depuis plusieurs années au Kazakhstan en raison des prises de position politiques de son journal. Il serait inadmissible que ces persécutions se poursuivent en Russie", a déclaré Reporters sans frontières. L'organisation a demandé aux autorités kazakhes de justifier ce mandat d'arrêt et sollicité des explications auprès du ministère russe de l'Intérieur. En déplacement à Saint-Pétersbourg, Irina Petrushova a été interpellée alors qu'elle se trouvait au commissariat n°19 du district de Vyborg. Résidant à Moscou, elle était venue signaler sa présence dans cette ville à la police, comme l'y oblige la loi. Les policiers ont présenté à la journaliste un document du ministère de l'Intérieur russe indiquant que la police financière kazakhe demandait son arrestation pour infraction à la loi fiscale (article 222-2 du code pénal). Après quatre heures et demie de détention, les policiers ont reçu l'ordre de la libérer sans conditions. Une source du ministère de l'Intérieur lui a affirmé qu'il s'agissait d'une affaire politique et que la police russe ne s'en mêlerait pas. Lorsqu'ils l'ont relâchée, les policiers ont précisé qu'un tel scénario était cependant susceptible de se répéter. Irina Petrushova a déclaré à Reporters sans frontières n'avoir reçu aucune convocation de la justice kazakhe concernant une telle procédure judiciaire et ne pas savoir ce qui lui est reproché. De nationalité russe, elle ne risque pas d'être extradée. Elle estime cependant que les autorités kazakhes cherchent à la surveiller. Reporters sans frontières rappelle que, le 6 août 2003, l'hebdomadaire, alors intitulé Respublika, avait été suspendu pour trois mois à la suite d'une plainte du ministère de l'Information, qui lui reprochait de ne pas être dûment enregistré. Le 4 juillet 2002, Irina Petrushova avait été condamnée à dix-huit mois de prison et immédiatement amnistiée, pour ne pas avoir déclaré sa nationalité russe. Le 22 mai de la même année, les locaux de l'hebdomadaire avaient été détruits après une attaque au cocktail Molotov. Trois jours auparavant, le cadavre d'un chien décapité avait été suspendu devant l'entrée du journal. Le 8 mars, la journaliste avait reçu une couronne mortuaire.
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Updated on 20.01.2016