La question du troisième mandat présidentiel est devenu un sujet tabou

Après l'interdiction, le 28 mai 2002, de manifestations pour ou contre la levée de la limitation des mandats présidentiels, un débat sur ce sujet, organisé par le Press Club de Lilongwe, a été interdit par la police le 20 juin. "Le refus des autorités d'engager un débat public dans la transparence et de laisser les journalistes s'exprimer sur une question d'intérêt général est une violation grave des droits de l'homme", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au président Bakili Muluzi. L'organisation a rappelé que deux journalistes ont été menacés et un grand nombre d'exemplaires d'un journal privé confisqués, pour avoir abordé la question du renouvellement du mandat du chef de l'Etat. Le parlement du Malawi doit examiner le 27 juin un projet d'amendement de l'article 83 de la Constitution, qui permettrait au Président de se présenter pour un troisième mandat en 2004. Pour être adopté, l'amendement doit obtenir les deux-tiers des voix des députés. Un certain nombre d'organisations civiles et religieuses demandent la tenue d'un référendum sur la modification de la Constitution. Le 28 mai, le président Bakili Muluzi a décrété que toute manifestation sur la question de la levée de la limitation des mandats présidentiels était interdite. Le 20 juin, d'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, la police a interdit un débat public sur le troisième mandat du président Bakili Muluzi, organisé par le Press Club de Lilongwe. Parmi les intervenants qui ont été dispersés, figuraient des journalistes, des hommes politiques et des représentants de la société civile. La police a interdit au Press Club d'organiser un autre débat public sur cette question. Le 20 mai, un conseiller du Président, Dumbo Lemani, avait rassemblé des militants du parti au pouvoir (United Democratic Front – UDF) devant les locaux de la maison d'édition Blantyre Newspaper Limited, qui édite deux journaux proches de l'opposition, le quotidien Daily Times et l'hebdomadaire Malawi News. La foule avait menacé deux journalistes, Mabvuto Banda et Akimu Kaingana, qui avaient publié des articles s'opposant à la candidature du président Bakili Muluzi à un troisième mandat. Ce jour-là, tous les journalistes de la Blantyre Newspaper Limited s'étaient calfeutrés dans leurs bureaux jusqu'à ce que la foule se disperse, sans incident majeur. Un des employés avait toutefois été agressé alors qu'il tentait de relever les numéros des plaques d'immatriculation des véhicules des manifestants. Déjà, en août 2001, des inconnus avaient agressé des vendeurs de journaux dans les rues de la capitale et saisi des exemplaires de l'hebdomadaire privé The People's Eye. Les hommes s'étaient ensuite rendus dans les locaux du journal où ils avaient confisqué 300 copies de la dernière édition. Le directeur, Chinyeke Tembo, avait fermé la rédaction "le temps que la tension baisse". The People's Eye avait publié un article critiquant le silence du président Bakili Muluzi sur un éventuel troisième mandat.
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Updated on 20.01.2016