La presse israéliene empêchée de couvrir un sujet qui a déjà fait le tour du monde

Reporters sans frontières dénonce la censure absurde imposée aux médias israéliens au sujet d’une affaire mêlant l’armée et la sécurité nationale. Alors que le cas Anat Kam a été traité par de nombreux médias à l’étranger, les médias israéliens, sous le coup d’une décision de justice, ne peuvent aborder le sujet. Channel 10 et Haaretz ont porté l’affaire devant les tribunaux. Elle sera examinée le 12 avril prochain à Tel Aviv. "Nous demandons que soit levée l’interdiction faite aux médias israéliens de traiter de l’affaire Anat Kam. La défense de la sécurité nationale est certes un but légitime, mais la censure ne doit pas être utilisée pour empêcher Tsahal de rendre des comptes en cas de violations de la loi. Un véritable débat doit avoir lieu sur ce sujet d’intérêt général. Cette décision de justice risque d’inciter de nombreux journalistes à l’autocensure la prochaine fois qu’une affaire sensible concernant l’armée sera portée à leur connaissance. Réflexe potentiellement dangereux pour la liberté d’expression dans un pays connu pour la liberté de ton de ses médias. Nous demandons à la justice israélienne d’annuler cette interdiction le 12 avril prochain, dans la mesure où l’information a déjà été traitée par de nombreux médias internationaux", a déclaré Reporters sans frontières. La journaliste en ligne Anat Kam, qui collabore au site d’informations Walla, assignée à résidence à Tel Aviv depuis le mois de décembre 2009, est poursuivie pour trahison et espionnage. Elle serait soupçonnée d’avoir transmis à Uri Blau, un journaliste du quotidien israélien Haaretz, des documents confidentiels qu'elle aurait photocopiés pendant son service militaire. Elle risque jusqu’à 14 ans de prison. Son procès débute le 14 avril prochain. Les poursuites seraient liées à un article publié par Uri Blau en novembre 2008. Cet article, pourtant approuvé par le bureau de la censure militaire, affirme que l’armée israélienne aurait violé une décision de la Cour suprême limitant les assassinats ciblés de combattants palestiniens. Uri Blau n’est pas rentré en Israël depuis l’arrestation d’Anat Kam, par peur d’être à son tour interpellé. Il est actuellement à Londres. Plusieurs articles ont été consacrés à cette affaire par des médias internationaux, parmi lesquels The Independent, The National, Le Monde, The Guardian, etc… Certains titres de la presse israélienne ont réagi en se moquant des censeurs. Yediot Aharonot, le quotidien le plus lu du pays, a notamment conseillé à ses lecteurs, le 1er avril 2010, dans une rubrique intitulée "Ce que les services secrets ne veulent pas que vous sachiez", de se renseigner sur Internet en tapant sur un moteur de recherche les mots "journaliste, israélien, censure".
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Updated on 20.01.2016