Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent les méthodes utilisées par les autorités militaires pour empêcher les médias de couvrir librement les activités des partisans du Non au référendum du 10 mai 2008.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent les méthodes utilisées par les autorités militaires pour empêcher les médias de couvrir librement les activités des partisans du Non au référendum du 10 mai 2008.
"La junte militaire s'autorise tout pour fausser cette élection qui s'apparente d'ores et déjà à une mascarade. Les partisans du Non doivent pouvoir s'exprimer librement dans les médias et les journalistes doivent être autorisés à présenter tous les points de vue. Nous demandons aux autorités birmanes de laisser la presse faire son travail sans censure préalable et d'autoriser les reporters étrangers à se rendre dans le pays sans entraves. C'est une condition essentielle pour que la communauté internationale reconnaisse la validité du scrutin", ont affirmé les deux organisations partenaires.
Aucun média birman n'a été autorisé à publier les propos des partisans du Non au référendum du 10 mai sur le projet de Constitution proposé par la junte militaire. En revanche, la presse a été contrainte de publier des articles rédigés par des officiels qui expliquent pourquoi il faut voter Oui. Et les manuels électoraux distribués par les autorités ne garantissent pas le droit des médias à couvrir librement la campagne et le processus de vote.
Dans la presse, la junte martèle ses slogans : "Approuver la Constitution est un devoir de toute la population", "Pour ratifier la Constitution, allez voter Oui", "Nous resterons toujours unis malgré ceux qui tentent de nous diviser. Votez Oui", "La démocratie ne peut pas être obtenue par l'anarchisme et la violence, mais par la Constitution".
Ces mots d'ordre sont régulièrement diffusés par les chaînes et les radios gouvernementales. En revanche, le Bureau de censure a rejeté des articles écrits par des journalistes critiques, notamment ceux de Ludu Sein Win. Selon des sources à Rangoon, les services secrets ont établi une liste de 34 journalistes à surveiller avant le référendum.
Des journalistes favorables à la junte ont été mobilisés pour expliquer les vertus du projet de Constitution. Ainsi, Si Thu Aung, dans le quotidien The New Light of Myanmar, explique que le texte proposé au vote est le seul capable de garantir la stabilité et le développement dans un pays composé de minorités. Ce journal relaie largement les activités des autorités et de la milice pro-gouvernementale USDA.
La Ligue nationale pour la démocratie (LND, le parti d'Aung San Suu Kyi), a appelé les électeurs à voter Non au référendum, qualifiant la Constitution d'antidémocratique. Le texte proposé entérine le rôle politique de l'armée et garantit l'impunité à ses membres. La LND a affirmé que la campagne en faveur du Non ne violait pas la loi récemment promulguée par la junte qui punit de trois ans de prison la distribution de documents contre le référendum.
Les prises de position de la LND sont systématiquement censurées dans la presse. Les correspondants accrédités des agences de presse étrangères ont toutefois pu rapporter les tensions liées à la campagne.
Plusieurs dizaines de membres de la LND ont été arrêtés par les forces de sécurité pour avoir mené campagne pour le Non. Le 31 mars, six militants ont été arrêtés à leur domicile de Rangoon. Quatre jours auparavant, ils avaient organisé une manifestation pour le Non, dans la capitale.
Début avril, au moins 60 personnes ont été arrêtées dans l'Etat Rakhine (Nord-Ouest) pour avoir porté des tee-shirts appelant les électeurs à voter Non. Plusieurs d'entre eux seraient toujours emprisonnés. Selon Mizzima News, des vendeurs de tee-shirts de Rangoon refusent de mettre en rayon les vêtements de la marque thaïe "Nobody" après que certains jeunes démocrates avaient commencé à les utiliser dans leur campagne pour le Non.
Enfin, le chanteur de rap birman Yan Yan Chan a été arrêté le 17 avril par les autorités à Monywa. Certaines de ses chansons sur le manque de liberté d'expression dans le pays pourraient être à l'origine de cette détention.