Les forces de sécurité ont blessé quatre reporters et arrêté deux journalistes lors d'une vague de répression contre l'opposition. Les autorités ont également censuré des télévisions indiennes. Reporters sans frontières exprime sa solidarité avec les journalistes népalais victimes de violences.
Reporters sans frontières dénonce les violences policières et la censure contre les médias qui ont émaillé la récente mobilisation de l'opposition en faveur du retour à la démocratie.
« Incapable de tolérer toute critique de son pouvoir autocratique, le roi répond avec toujours plus de violences contre la presse. En 48 heures, au moins cinq journalistes ont été agressés, deux ont été arrêtés et la censure s'est renforcée sur les médias indiens, a affirmé Reporters sans frontières. Nous exprimons toute notre solidarité avec les journalistes qui, malgré la répression, continuent à accomplir leur devoir d'informer. »
Les 20 et 21 janvier 2006, Katmandou et les autres grandes villes du pays étaient quadrillées par les forces de sécurité chargées d'appliquer un couvre-feu imposé pour empêcher les manifestations prodémocratiques. Au moins quatre journalistes ont été blessés lors de charges de police. Satya Ram Parajuli, rédacteur en chef du mensuel Majdoor Aawaj, a eu le bras cassé par un policier. Damodar Dawadi, de l'hebdomadaire Naya Bikalpa, Kamal Pariyar, du quotidien Jana Sangharsha, et le journaliste free-lance Diwakar Pant ont également été blessés.
Le 21 janvier, une patrouille militaire a arrêté Khem Bhandari, directeur des quotidiens régionaux Mahendranagar Post et Abhiyan, à Mahendranagar (ouest du pays), alors qu'il rentrait chez lui. Deux jours auparavant, Dwarika Upreti, journaliste du Roadmap Weekly, a été arrêté par la police devant les bureaux de l'hebdomadaire à Katmandou. Après quelques heures de détention dans un commissariat, il avait été transféré dans une caserne de la police à Maharajgunj.
Le 20 janvier, un policier a tiré en direction de Khuman Singh Tamang, correspondant du quotidien Kantipur dans le district de Kavrepalanchok (ouest de la capitale), alors qu'il prenait des photos de leaders étudiants détenus par la police. Le journaliste n'a pas été blessé.
Le même jour, des militaires ont saisi les cassettes des correspondants des chaînes indiennes CNN-IBN et Star News TV à Katmandou. Les images prises par les reporters de l'armée à l'intérieur de la résidence du secrétaire général du CPN-UML (opposition), ont ensuite été effacées. La journaliste Parul Malhotra a qualifié l'incident de « malheureux et ridicule ».
L'administration de Nepalgunj (Sud-Ouest) a commencé à censurer les articles des journaux indiens qui traitent des manifestations prodémocratiques. Des fonctionnaires ont déchiré les pages concernées avant que les journaux soient distribués dans cette ville frontalière.
A Katmandou, le ministère de la Communication et de l'Information a contraint les opérateurs de télévision par câble à suspendre la diffusion des chaînes indiennes Star News et Aaj Tak. Cette dernière était encore disponible dans certains quartiers de la capitale. Le ministère a déclaré que certaines informations étaient « dangereuses pour la sécurité » du Népal.