La présidence ivoirienne reprend en main les médias d'Etat : un "hold-up en douceur au profit de ses partisans"
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Reporters sans frontières est révoltée par la reprise en main autoritaire, par le président Laurent Gbagbo, des médias d'Etat ivoiriens. L'organisation a appris le limogeage, le 28 novembre 2006, du directeur général de la Radiotélévision ivoirienne (RTI), Kébé Yacouba, et son remplacement par Pierre Brou Amessan, qui présentait les journaux télévisés lorsque les "Jeunes patriotes" en avaient pris le contrôle par la force, en janvier 2006.
"Cette nouvelle manœuvre vise à reprendre le contrôle du formidable outil de communication qu'est la radiotélévision. Cette fois, la présidence n'a pas osé envoyer ses 'Jeunes patriotes' faire la sale besogne. Elle a donc procédé par un hold-up en douceur au profit de ses partisans. Aujourd'hui, le risque est grand de voir renaître de puissants médias de la guerre, dans un pays que la moindre étincelle peut embraser. Avant que la situation ne dérape une fois de plus, il est urgent que l'ONU contraigne le président Laurent Gbagbo à respecter l'indispensable indépendance de la RTI et de Fraternité Matin", a déclaré l'organisation.
Le président Laurent Gbagbo a jugé "séditieux" la lecture, à l'antenne de la RTI, le 27 novembre, d'un communiqué du Premier ministre Charles Konan Banny estimant "impérieux de surseoir à l'exécution" des décrets réintégrant dans leurs fonctions les responsables administratifs suspendus pour leur responsabilité dans l'affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan.
Le 28 novembre 2006 à la mi-journée, le porte-parole de la présidence, Désiré Tagro, a par conséquent annoncé la révocation du directeur général de la RTI, Kébé Yacouba, et la dissolution de son conseil d'administration. Selon le communiqué, "le président de la République juge que le fait, pour l'ensemble de la direction de la RTI, d'avoir permis la diffusion d'un communiqué pour le moins séditieux, appelant à la non-application de décrets signés et annonçant insidieusement des troubles graves à l'ordre public, constitue une faute grave pour le seul média audiovisuel d'Etat". Le 26 novembre, le président Laurent Gbagbo avait décrété la révocation du directeur général du quotidien gouvernemental Fraternité Matin, l'un des rares journaux neutres d'Abidjan, ainsi que la dissolution de son conseil d'administration.
En novembre 2004 et janvier 2006, les "Jeunes patriotes" avaient pris d'assaut la RTI pour prendre le contrôle de ses émissions et diffusé des appels à l'insurrection et à la violence, lesquels avaient eu des conséquence dramatiques dans les rues d'Abidjan.
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20.01.2016