Une dizaine de journalistes ont été agressés par les forces de sécurité nigérianes lors d'un congrès du parti au pouvoir, le 4 janvier à Abuja, la capitale fédérale. Deux d'entre eux ont été sérieusement blessés, dont un qui a dû être hospitalisé.
Une dizaine de journalistes ont été agressés par les forces de sécurité nigérianes lors d'un congrès du People's Democratic Party (PDP, au pouvoir), le 4 janvier à Abuja, la capitale fédérale. Deux d'entre eux ont été sérieusement blessés. Segun Jacob Olatunji, du quotidien The Tribune, a dû être hospitalisé.
« Une fois encore les forces de sécurité nigérianes ont fait preuve d'une brutalité extrême et intolérable, a déclaré Reporters sans frontières. Nous demandons fermement que les professionnels des médias puissent travailler sans crainte d'être constamment agressés. D'autant que l'inspecteur général de la police, Tafa Balogun, vient juste de promettre de faire tout son posssible pour protéger les journalistes dans l'exercice de leur profession. Ses excuses auprès des journalistes ne sont pas suffisantes. »
« Nous exhortons les responsables de ces actes à indemniser les victimes pour les dommages subis, qu'il s'agisse des frais hospitaliers ou du matériel détruit et confisqué. Forces de police, State Security Service (SSS, police d'Etat), unités anti-émeutes ou gardes du corps de politiciens ne cessent de faire régner un climat de violence arbitraire. L'impunité doit cesser et les agresseurs doivent répondre de leurs actes », a conclu l'organisation.
Yomi Odunuga, rédacteur en chef du bureau d'Abuja du quotidien The Punch et Segun Jacob Olatunji, du quotidien The Tribune, ont été blessés lors des assauts de la police. Ce dernier a été accompagné à l'hôpital par ses confrères, avec une jambe cassée. L'agitation avait commencé à l'arrivée du gouverneur de l'Etat d'Anambra, Dr Chris Ngige. Les photoreporters avaient tenté de photographier une dispute entre un membre des SSS, responsable de sa sécurité, et le commissaire de police en charge des opérations fédérales, Lawrence Alobi. Les policiers se sont alors rués sur les photographes de plusieurs quotidiens : Gbenga Abiodun du Daily Independent, Abayomi Fayese du Guardian, Kennedy Ebomade du Daily Trust, Ibrahim Samaila de The Punch, Francis Ojo du Daily Champion, Innocent Okafor de This Day et Monday Emoni de The Comet, ainsi que Akin Osimolade et Sunday Adah, tous deux du magazine Tell, ont eu leur appareil photo endommagé. Il en a été de même pour la caméra de George Edemevughe de la chaîne Channels Television.
La police a déclaré avoir agi sur les ordres des officiels du PDP qui ne voulaient pas que la presse couvre le congrès. La Nigerian Union of Journalist (NUJ), syndicat des journalistes nigérians, a adressé aux autorités un ultimatum d'une semaine pour que les policiers impliqués soient assignés en justice, sans quoi ses membres se réservent le droit de ne plus couvrir les activités de la police.
Les rivalités au sein du PDP sont anciennes et mènent régulièrement à des incidents violents. Lors d'un rassemblement de partisans de l'homme politique Chris Uba, dans l'Etat d'Anambra, le 10 novembre 2004, des partisans de son ancien protégé, le gouverneur Chris Ngige, avaient conduit une intervention musclée. Une centaine de militants de Chris Uba avaient ensuite pris d'assaut les locaux de la radio publique dans deux localités, ligotant et battant les employés qui assuraient la permanence de nuit, avant de mettre le feu aux bâtiments.