La plus grande prudence s’impose face aux révélations filmées d’un avocat sur l’assassinat de deux journalistes

Dans une vidéo publiée, le 25 octobre 2010, sur le site du quotidien El Diario (et depuis reprise sur YouTube), l’avocat Mario Ángel González Rodríguez accuse sa propre sœur, Patricia González, ancienne procureur générale de justice de l’État de Chihuahua, d’avoir notamment commandité l’assassinat de deux journalistes. Voir la vidéo (en espagnol sans sous-titre) Entouré de cinq individus cagoulés et lourdement armés, Mario Ángel González assure que les articles d’Armando Rodríguez Carreón, journaliste du quotidien El Diario, et Enrique Perea Quintanilla, fondateur et directeur du mensuel Dos Caras, Una Verdad mettaient en cause les liens de sa sœur avec le cartel de Juárez. Incommodée, Patricia González aurait alors ordonné leur exécution. Armando Rodríguez Carreón a été abattu devant son domicile de Ciudad Juárez le 13 novembre 2008. Enrique Perea Quintanilla a été assassiné le 9 août 2006 et les tueurs présumés se réclamant du cartel de Juárez avaient confessé leur crime dans une vidéo suspecte envoyée à TV Azteca. Nous accueillons ce genre de révélations avec toute la circonspection qui s’impose. L’interrogatoire de Mario Ángel González, chargé d’effets de mise en scène, pose nettement question sur la véracité des propos tenus. Qui sont les auteurs de cet enregistrement ? Dans quel but l’ont-ils réalisé ? Qui sont les hommes en armes figurant autour de l’avocat et quelle est la raison de leur présence à l’écran ? Mario Ángel González se confie-t-il spontanément ou récite-t-il une leçon apprise à l’avance ? L’enquête, toujours sans résultat, sur la mort des deux journalistes doit rebondir à partir de ces questions. Situé au 136e rang, sur 178 pays, du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010, le Mexique compte onze journalistes assassinés depuis le 1er janvier dernier, dont sept en lien probable ou avéré avec la profession.