La perquisition au domicile d’un blogueur relance la question de la protection de leurs sources
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La polémique enfle depuis la perquisition des forces de l’ordre californiennes au domicile de Jason Chen, blogueur et rédacteur en chef de Gizmodo, un blog sur les gadgets et la technologie, le 23 avril dernier. Ses ordinateurs, disques durs, caméras, des gadgets et son portable ont alors été saisis. Il avait réussi à se procurer un prototype du prochain iPhone et en avait publié en avant-première des photos et des vidéos, sans l’accord d’Apple.
« Nous demandons à la justice américaine de restituer au plus vite à Jason Chen les objets saisis au cours de la perquisition. La loi « bouclier » californienne protège les sources d’information et le matériel des blogueurs engagés dans des activités de diffusion d’information. Même si l’iPhone a été acquis dans des conditions douteuses, nous sommes étonnés par les mesures disproportionnées prises à l’encontre de ce blogueur, notamment en raison de l’ampleur du matériel saisi et n’ayant rien à voir avec l’enquête en cours » a déclaré l’organisation.
Le blog appartient au groupe de médias Gawker. Gizmodo aurait payé $5000 pour se procurer l’iPhone en question, égaré par l’un des ingénieurs d’Apple. Gizmodo avait ensuite restitué l’exemplaire à Apple.
La perquisition a été réalisée par une unité spéciale chargée des questions informatiques, la « Rapid Enforcement Allied Computer Team (REACT) », sur mandat d’un juge du comté de San Mateo en Californie, selon lequel le matériel saisi aurait pu être utilisé pour commettre un crime. Or, Apple est membre du comité de pilotage de ce groupe, ce qui crée potentiellement une situation de conflit d’intérêt.
La législation de l’Etat de Californie est l’une des plus protectrices au niveau du pays pour la protection des sources des journalistes et de leur materiel. Gawker invoque la section 1524(g) du code pénal californien pour affirmer que le mandat de perquisition était illégal, et donne l’exemple de l’affaire O’Grady vs Superior Court. La décision de justice avait alors reconnu que ces protections s’appliquaient aux journalistes en ligne.
Une enquête est en cours. La justice devra trancher entre ceux qui invoquent ces protections au nom du droit à l’information et ceux qui accusent Gizmodo de s’être rendu coupable de recel.
Publié le
Updated on
20.01.2016