La mort d'un jeune militant mobilise l'opinion contre les exactions de la police

Reporters sans frontières exprime sa profonde indignation suite à la mort de Khaled Mohammed Said et exige que justice soit faite. L’organisation demande expressément l'ouverture d'une enquête indépendante et transparente sur les circonstances de cette tragédie. La décision du 16 juin du procureur général de procéder à une nouvelle autopsie du jeune homme représente un signe positif, mais insuffisant. Le 6 juin dernier, Khaled Mohammed Said, un jeune militant des droits de l’homme de 28 ans, a été assassiné à Alexandrie. Deux versions des faits s'opposent et une enquête indépendante s’avère impérative. "Khaled Mohammed Said a vraisemblablement perdu la vie pour avoir dénoncé la corruption de policiers. Les abus des forces de sécurité sont régulièrement dénoncés sur la Toile par de courageux blogueurs et net-citoyens, malgré les risques de représailles. Les autorités ne prennent auncune mesures forte pour mettre fin à de telles violences. En se protégeant derrière la loi sur l'Etat d'urgence, elles rejettent toute revendication de justice. L'impunité doit cesser. Nous appelons la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement pour que les meurtriers soient jugés et punis", a déclaré l'organisation. Selon le propriétaire du cybercafé, Khaled Mohammed Said aurait été battu à mort dans la rue après avoir été arrêté par deux policiers en civil. D'après sa famille et des organisations locales des droits de l’homme, il avait posté sur Internet une vidéo montrant des policiers se partageant les profits d'un échange de drogue. La famille de la victime a porté plainte auprès du parquet le lundi 7 juin 2010. La police avait déjà déposé un rapport affirmant que Khaled Mohammed Said était mort des suites d’une overdose. Selon elle, il aurait avalé un sachet de drogue juste avant son interpellation. Les policiers mis en cause sont toujours en fonction. Dans un communiqué publié par le Centre d'information de la sécurité égyptienne, les autorités se déchargent de toute responsabilité et dénigrent le jeune homme qu’elles décrivent comme un délinquant. Khaled est devenu un symbole. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté pour réclamer la fin de l’impunité pour les actes de brutalités et de violence policières. La mobilisation est particulièrement forte sur Internet, en raison des difficultés de manifester dans la rue. Des photos effroyables présentées comme celles de son cadavre ont largement circulé via les réseaux sociaux. La loi sur l’Etat d’urgence a été reconduite en mai 2010 pour deux ans, malgré les dénonciations internationales. Elle donne à la police des pouvoirs étendus, comme le maintien illimité en détention de suspects, sans obligation de retenir des charges contre eux ou des limitations concernant la liberté de se réunir en public. Par ailleurs, le 26 juin prochain aura lieu le procès de trois militants des droits de l’homme. Gamal Eid, directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme (ANHRI), Ahmed Seif El Islam Hamad, fondateur du centre Hisham Mubarak et le blogueur égyptien Amr Gharbeia sont poursuivis pour diffamation. Reporters sans frontières dénonce ce harcèlement judiciaire et demande l’abandon des charges retenues contre les trois militants.
Publié le
Updated on 20.01.2016