La milice Al-Shabaab continue de mettre en danger les acteurs de l'information

L'attaque sanglante du centre commercial de Westgate au Kenya le 21 septembre 2013, a porté à l'attention de la communauté internationale les méthodes lâches et terrorisantes utilisées par la milice somalienne Al-Shabaab, classée parmi les Prédateurs de la liberté d'information par Reporters sans frontières. Depuis la perte de Mogadiscio en août 2011 et leurs déboires sur le terrain militaire, les Shabaab, ennemis de l'information mais adeptes du tweet, se sont repliés vers des modes d'actions terroristes, alternant attentats et exécutions sommaires, des pratiques dont les acteurs de l'information font malheureusement trop souvent les frais. RSF a répertorié plus de 45 assassinats de journalistes depuis 2007 en Somalie dont la majorité sont attribués au Shabaab. Jusqu'alors, l'année 2012 a été la plus sanglante avec 18 journalistes assassinés, faisant rivaliser la Somalie avec la Syrie pour le titre peu glorieux de pays le plus meurtrier pour les acteurs de l'information. La Somalie est placée au 170e rang sur 179 du classement 2013 sur la liberté d'information de Reporters sans frontières. Parmi les médias pris pour cible par la milice, Radio Shabelle station privée la plus réputée de Somalie et lauréate en 2010 par le Prix RSF de la liberté de la presse, a payé un lourd tribut. Six de ses collaborateurs ont perdu la vie depuis 2009 En 2013, six journalistes ont déjà perdu la vie en Somalie à la suite d'attaques les visant directement. Le dernier en date, Ahmed Sharif, employé à la radio publique somalienne Radio-Mogadiscio, a été tué par balles le 17 août dernier devant son domicile. Nombre de ces attaques suivent le même mode opératoire: deux hommes armés attendant leur victime dans un lieu familier et l'exécutant à bout portant, une méthode qui correspond à d'autres attaques commises par les Shabaab. Le 7 septembre 2013, un attentat revendiqué par les Shabaab au restaurant Le Village à Mogadiscio, fréquenté par les journalistes et les hommes politiques faisait tristement écho à l'attaque qui, un an plus tôt au même endroit, avait coûté la vie à trois journalistes: Liban Ali Nur, de Somali National TV; Abdisatar Daher Sabriye, de Radio Mogadiscio et Abdirahman Yasin Ali, de Radio Hamar (Voice of Democracy) ainsi que blessé au moins quatre autres professionnels des médias. Le lendemain, un autre de leurs confrères, Hassan Youssouf Absuge, était assassiné par un combattant de la milice islamiste Al-Shabaab pour avoir couvert l'information sur Radio Mantaa. A cette heure, le Kenya abrite des milliers de réfugiés somaliens, au nombre desquels plusieurs dizaines d’acteurs de l'information, qui ont fui le régime dictatorial imposé par les Shabaab jusqu'en 2011 et la situation d'insécurité que fait perdurer la milice dans certaines régions de Somalie jusqu'à maintenant. "La population kenyane a jusqu'à présent fait preuve d'une immense solidarité, se mobilisant pour donner du sang et venir en aide aux blessés. Nous espérons que les ressortissants somaliens vivant au Kenya ne seront pas inquiétés. Nous souhaitons en particulier que ces journalistes somaliens en exil, qui sont les mieux placés pour relayer l'information à l'intérieur des frontières de leur pays, puissent faire leur travail librement", a déclaré Reporters sans frontières. • Plus d'information sur la SomalieAl-Shabaab, prédateur de la liberté d'informationClassement RSF sur la liberté de l'information Photo : La milice islamiste somalienne, Al-Shabaab (Mohamed Dahir - AFP)
Publié le
Updated on 20.01.2016