"La main invisible de Pékin sur les médias hongkongais"

Reporters sans frontières (RSF) publie un rapport sur la liberté de la presse hongkongaise, en proie à l’autocensure et aux ingérences éditoriales, de plus en plus fréquentes ces dernières années. Alors que de nouveaux licenciements politiques sont à déplorer dans l’archipel, l’organisation appelle les autorités hongkongaise à infléchir de toute urgence leur politique en matière de liberté de la presse, et apporte à nouveau son soutien aux médias hongkongais.

Le 20 avril dernier, tandis que Reporters sans frontières publiait son Classement mondial de la liberté de la presse 2016, dans lequel Hong Kong figure au 69ème rang sur 180 pays - son pire niveau depuis la création du Classement en 2002 - le Mingpao, quotidien célèbre pour ses enquêtes politico-financières, publiait les “Panama Papers” en Une, avec les portraits de personnalités politiques ou économiques locales exposées par les “Papers”.


Or quelques heures après, le journaliste du Mingpao Keung Kwok-yuen était brutalement licencié, sans autre explication de la direction du journal que celle d’un “environnement La main invisible de Pékin sur les médias Hongkongais Rapport économique difficile”... Malgré une confrontation avec le rédacteur en chef, Chong Tien Siong et, en signe de protestation, la publication de colonnes blanches dans les éditions du 24 et du 25 avril, y compris dans la version canadienne, la rédaction du quotidien n’a pas obtenu la réintégration du reporter.


Intitulé “La main invisible de Pékin sur les médias de Hong Kong, ce rapport revient sur la longue liste d’atteintes à la liberté de l’information et à l’indépendance éditoriale dont les journalistes hongkongais ont été victimes au cours des deux dernières années. Licenciements politiques, articles censurés ou “dilués” dans les dernières pages de la publication, journalistes rétrogradés ou mis au placard, prise de contrôle de groupes de médias par des industriels liés à Pékin, pressions financières par le biais de la publicité et pressions politiques du gouvernement local : rien n’a été épargné aux journalistes hongkongais qui ne cessent pourtant d’alerter l’opinion publique sur l’érosion de leurs libertés professionnelles - fondamentales au bon exercice de la démocratie.


Ce rapport IMG
Hong Kong : première étape vers un nouvel ordre mondial de l’information ?
vise à rappeler que derrière ce que l’on appelle communément ‘l’autocensure’ se cachent souvent des hommes et des femmes prenant la décision de censurer
, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie Pacifique de Reporters sans frontières. Alors qu’Hong Kong est à un tournant de son histoire, il est crucial de continuer de demander des comptes à ceux que l’on soupçonne légitimement d’être à l’origine de l’érosion de la liberté de la presse. Il est nécessaire de confronter les ennemis de la presse libre, au premier rang desquels figure Pékin, tant qu’ils nieront conduire une stratégie de contrôle de l’information. C’est précisément ce que ce rapport cherche à faire.”


Reporters sans frontières dénonce dans ce rapport le contrôle grandissant de Pékin au sein de la région administrative spéciale de Hong Kong. L’organisation y appelle également le gouvernement hongkongais et en particulier le chef de l’exécutif, CY Leung, à cesser de porter atteinte au droit d’informer et au droit à l’information et demande qu’il réponde aux aspirations légitimes des organisations de défense de la liberté de la presse et de l’information.


L’indépendance de la presse hongkongaise vis-à-vis de Pékin est le principal enjeu pour la liberté de l’information. De plus en plus, les médias doivent se battre pour préserver leur ligne éditoriale de l’influence du gouvernement central. Le rachat de médias par des entreprises chinoises - comme le géant du Net Alibaba-, ou des hommes d’affaires proches du régime communiste inquiètent au plus haut point. En mars 2016, La Hong Kong Journalists Association (HKJA) a publié un rapport alertant sur la menace croissante de l’autocensure. Les résultats du sondage régulier des professionnels des médias et de la population hongkongais indiquent notamment que l’impunité dont jouissent les auteurs ou les commanditaires de crimes contre les médias contribuent au déclin de la liberté de la presse dans l’archipel.


Publié le
Updated on 02.05.2016