La loi contre la cybercriminalité une nouvelle fois utilisée pour museler les voix dissidentes

Le défenseur des droits de l’homme saoudien, Fawzan Al-Harbi, a été condamné à une peine de sept de prison pour avoir dénoncé les exactions commises par les autorités contre les voix dissidentes.

La cour criminelle de Riyad a condamné, le 25 juin 2014, Fawzan Al-Harbi, l’un des fondateurs de l’Association saoudienne pour les droits civils et politiques (ACPRA, ) qui recense les exactions et violations des droits de l’homme en Arabie saoudite, à une peine de sept ans d’emprisonnement, assortie d’une interdiction de quitter le territoire pour la même durée, dès la fin de sa peine. Il lui est également interdit d’écrire sur les réseaux sociaux. “Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté la condamnation de Fawzan Al-Harbi, et le recours récurrent des autorités à la loi contre la cybercriminalité pour museler les défenseurs des droits de l’homme, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction de la Recherche et du Plaidoyer de Reporters sans frontières. “Après le procès orchestré de Waleed Abu Al Khair, fondateur de l’Observatoire des droits de l’homme, le cas de Fawzan Al-Harbi et de ses collègues illustre la détermination de la monarchie saoudienne à bafouer les libertés fondamentales”. Accusé entre autres de “préparation, stockage et transmission d’informations qui nuisent à l’ordre public”, Fawzan Al-Harbi a été jugé en vertu de l’article 3 de la loi anti-cybercriminalité de mars 2007. Il est également accusé d’avoir “participé à la création d’une ONG sans autorisation dans le but de diviser le peuple”, d’avoir “signé des pétitions réclamant le respect des droits de l’homme”, d’avoir “critiqué les autorités saoudiennes”, notamment en comparant l’Arabie saoudite à un État policier. Fawzan Al-Harbi a été arrêté le 26 décembre 2013, lors de la deuxième audience de son procès qui s’était ouvert le 4 décembre. Il a été relâché un mois et demi plus tard. Il a fait appel de sa condamnation du 25 juin. Le 9 mars 2013, deux autres éminents défenseurs des droits de l’homme et co-fondateurs de l’ACPRA, Abdullah bin Hamid bin Ali Al-Hamid, 66 ans, et Mohamed bin Fahad bin Muflih Al-Qahtani, 47 ans, avaient été condamnés respectivement à dix et onze ans d'emprisonnement, peines assorties d'une interdiction de voyager subséquente pour les mêmes durées. En avril 2012, Mohammed Saleh Al-Bajady, accusé d’avoir participé à la création de l’ACPRA, avait été condamné par un tribunal spécial antiterroriste à quatre ans d'emprisonnement, suivis d'une interdiction de voyager de cinq ans.
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Mise à jour le 20.01.2016