La justice persécute les journalistes qui ont couvert des manifestations

Reporters sans frontières a dénoncé le harcèlement de la justice iranienne contre les journalistes qui font état de mouvements de protestation. En une semaine, ils sont quatre à avoir été jugés par les tribunaux révolutionnaires. Trois d'entre eux ont été condamnés à des peines de prison ferme, pour avoir couvert des manifestations. D'autres sont dans l'attente d'un verdict. « Nous sommes consternés par ces condamnations. Ces journalistes sont condamnés sur des motifs politiques, alors qu'ils n'ont fait qu'exercer librement leur devoir d'information. Les médias doivent pouvoir couvrir les revendications de la société iranienne. La brutalité reste, cette fois encore, la seule réponse des autorités”, a déclaré l'organisation. Le 9 juin 2007, le tribunal de la révolution de la ville de Sanandaj (ouest du Kurdistan iranien) a condamné Ejlal Ghavami, de l'hebdomadaire Payam-e mardom-e Kurdestan (publication suspendue depuis 2004) à trois ans de prison. Saïd Saedi, journaliste indépendant, à été condamné à deux ans et demi de prison. Ils ont tous deux été reconnus coupables d'« incitation des populations à la révolte » et d'« action contre la sécurité nationale ». Roya Toloui, la rédactrice en chef du journal Resan (suspendu depuis 2005,) a été condamnée le 22 mai par le même tribunal à six mois de prison. Le 30 juillet 2005, les trois journalistes couvraient une manifestation pacifique devant la préfecture de Sanandaj. Ils ont été interpellés et ont passé plusieurs mois en prison, avant d'être libérés sous caution. Roya Toloui est actuellement à l'étranger. Saïd Saedi et Ejlal Ghavami vivent toujours en Iran. Selon eux, chaque fois qu'ils ont essayé de collaborer avec un journal depuis 2005, les responsables de ces médias ont été l'objet de harcèlement par les services de renseignements. Contacté par Reporters sans frontières, leur avocat, Me Nemat Ahamdi, a déploré ce verdict: « Ils sont journalistes et il est normal que les journalistes fassent leur travail dans les rues, et qu'ils se rendent là où sont les rassemblements. Cette condamnation n'est pas acceptable, et nous allons faire appel.» Par ailleurs, Aso Salah, de l'hebdomadaire Didgah, a été convoqué par le tribunal de Sanandaj, où il doit se présenter le 16 juin. Il avait déjà été arrêté le 8 mars 2007 par des agents des services de renseignements, après avoir couvert une manifestation lors de la Journée internationale des femmes. Il avait été libéré le 18 mars, contre le paiement d'une caution de cent millions de toumen (environ 85 000 euros). Le 6 juin, Bahaman Ahmadi Amoee, du quotidien Sarmayeh, a été convoqué et jugé par la treizième chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Il est accusé de « participation à une manifestation illégale », «d'action contre la sécurité nationale » et de « publicité contre la République islamique ». Il a été arrêté en même temps que deux autres journalistes, le 22 juin 2006, alors qu'il couvrait une manifestation organisée par un mouvement féministe contre « l'apartheid sexuel en Iran». Enfin, Kia Jahani, de Kurdistan TV, arrêté sans raisons apparentes dans la ville de Marivan, le 24 février 2007, a été libéré sous caution au début du mois de mai. Reporters sans frontières rappelle que le président Mahmoud Ahmadinejad et l'ayatollah Khamenei figurent tous deux dans la liste des 34 prédateurs de la presse établie par l'organisation.
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Updated on 20.01.2016