La justice de nouveau du coté du gouvernement face au caricaturiste Zunar
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Le 1er novembre 2013, la Cour d’appel de Kuala Lumpur a rejeté le recours du caricaturiste Zunar contestant la décision de la Haute Cour du 31 juillet 2012, qui affirmait que son arrestation par la police en 2010, était conforme au Sedition Act. Suite à la parution de son album de caricatures "Cartoon-o-phobia", Zunar avait été interpellé le 24 septembre 2010 et toutes les copies de ses ouvrages avaient été saisies.
Reporters sans frontières condamne cette décision de justice comme une atteinte directe à la liberté d’expression et de l’information. “Comme nous l’avions souligné l’an dernier lors de la première décision de justice, il s’agit d’un précédent dangereux pour les professionnels des médias. Nous réitérons notre demande de levée de l’interdiction pesant sur les ouvrages de Zunar. Nous condamnons l’acharnement dont est victime le caricaturiste, et appelons la justice à trancher cette affaire de manière tout à fait impartiale et dans le respect de la liberté de l’information” a déclaré l’organisation.
A l’époque, Zunar avait été placé en détention pendant deux jours, puis il avait déposé plainte pour prouver la mauvaise foi dont témoignait son arrestation.
La décision de la Cour d’appel confirme la position du gouvernement, selon lequel la parution de caricatures à caractère politique est un crime. Zunar a toutefois fait part de sa volonté de faire appel de cette décision auprès de la Cour fédérale.
“Je pense que toutes ces manoeuvres font partie de la stratégie du gouvernement pour m’empêcher de produire des caricatures qui dépeignent son implications dans des affaires de corruption et ses fautes” a-t-il déclaré.
“Perdre en appel face au gouvernement est une chose courante, mais mon affaire risque de créer un précèdent car c’est la première fois qu’un caricaturiste attaque le gouvernement à propos du Sedition Act et perd. Ce jugement va donner davantage de latitude au gouvernement pour agir contre les caricaturistes, artistes, écrivains, blogueurs et net-citoyens qui développent un point de vue critique” a ajouté Zunar.
Dès 2009, les autorités ont tenté de museler Zunar, en confisquant quelque 400 exemplaires de son ouvrage “Gedung Kartun”, et en menacant les imprimeurs et libraires d’un retrait de licence s’ils éditaient ou commercialisaient l’album. Par la suite, le gouvernement a interdit la vente de cinq de ses ouvrages, dont le contenu était jugé “nuisible pour l’ordre public”, rendant caduc l’accord passé entre le dessinateur et une importante agence de distribution. Pour son album suivant “The Pirates of the Carry-BN”, Zunar a été contraint de dissimuler le nom de l’imprimeur, et de se tourner vers la vente en ligne pour la commercialisation de ses albums.
La Malaisie se situe à la 145ème position sur 179 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2013.
Publié le
Updated on
20.01.2016