La justice au service de la diplomatie : deux journalistes condamnés pour avoir diffamé le président libyen Mouammar Kadhafi
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Le tribunal d'Hussein-Dey dans la banlieue est d'Alger a condamné, le 31 octobre 2006, le directeur du quotidien Ech-Chourouk Ali Fadil et la journaliste Naïla Berrahal à six mois de prison ferme et 20 000 dinars (soit l'équivalent de 220 euros) d'amende suite à une plainte en diffamation déposée par le président libyen Mouammar Kadhafi. Le tribunal a également prononcé la suspension du journal pendant deux mois et l'a condamné à verser au chef d'Etat étranger 500 000 dinars (5 500 euros) de dommages et intérêts.
"La disproportion de cette peine illustre encore une fois l'absurdité et la complaisance de la justice algérienne. Aujourd'hui, et pour la première fois, elle sert à ménager les intérêts diplomatiques avec un autre pays. Tant que la dépénalisation des délits de presse ne sera pas mise en oeuvre, cette justice continuera d'être l'instrument du pouvoir en place. La susceptibilité du président Kadhafi ne s'arrête donc pas aux frontières de la joumhouriya libyenne. Non content de bafouer les droits de l'homme dans son pays, le "frère leader" s'en prend également indirectement à la presse algérienne", a déclaré Reporters sans frontières.
La délégation diplomatique libyenne à Alger a déposé plainte au début du mois d'octobre suite à la publication, durant l'été 2006, de deux articles impliquant la participation du président libyen à des négociations avec des chefs de tribus touarègues pour la création d'un Etat indépendant.
Joint par Reporters sans frontières, l'avocat de la défense, Me Khaled Bergheul, a confirmé qu'il comptait faire appel de cette décision dès que le juge aura rendu son jugement. "Ce verdict est très sévère par rapport aux faits" a-t-il ajouté. Selon le code pénal algérien, l'appel est suspensif de la peine.
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Updated on
20.01.2016