La junte militaire ne donne aucune garantie pour une couverture libre de la Convention nationale

Le gouvernement militaire n'a donné aux journalistes birmans et étrangers aucune garantie pour une couverture libre de la Convention nationale qui doit s'ouvrir le 17 mai 2004. Les militaires, et notamment les services secrets, ont refusé des visas, intimidé des journalistes, maintenu la censure préalable et sécurisé les lieux de la Convention. Alors que la Convention nationale doit s'ouvrir dans quatre jours, le gouvernement semble incapable de donner à cette réunion la sérénité et la transparence qui s'imposent alors que le pays est appelé à discuter d'un projet de Constitution. Reporters sans frontières et la Burma Media Association demandent au Premier ministre, le général Khin Nyunt, d'accorder des visas à tous les journalistes birmans et étrangers qui en ont fait la demande, de mettre un terme à la censure préalable, d'installer une salle de presse au sein de la Convention nationale équipée de communications internationales et de libérer des journalistes emprisonnés. Les deux organisations ont notamment demandé au chef du gouvernement militaire de libérer Nay Min, ancien informateur de la BBC, récemment condamné à quinze ans de prison. "Son arrestation et la peine infligée sont une pression supplémentaire pour les journalistes birmans qui tentent d'informer au mieux les médias étrangers", ont affirmé Reporters sans frontières et la Burma Media Association. Avocat , Nay Min, âgé d'environ 55 ans, a été de nouveau arrêté en février 2004. Il a été condamné, le 7 mai, à quinze ans de prison par une cour spéciale réunie au sein de la prison d'Insein. Il a déjà passé huit ans en prison pour "diffusion de fausses rumeurs". Il est reconnu par beaucoup de journalistes birmans comme un professionnel très expérimenté. Les services secrets militaires l'ont accusé d'avoir transmis des informations à des organisations basées à l'étranger, notamment à des médias. Quatre autres personnes, dont Nyan Htun Linn, militant étudiant et ancien responsable du site Internet d'information www.amyinthit.com (basé en Thaïlande), ont été condamnés à de lourdes peines. Nyan Htun Linn a écopé de vingt-deux ans de prison pour avoir diffusé, notamment à des journalistes, un communiqué critiquant le processus de la Convention nationale. Les journalistes étrangers, notamment de l'Agence France-Presse, de Voice of America, et des services en birman et en anglais de la BBC World Service, qui ont fait une demande officielle de visa pour couvrir la Convention nationale, n'ont obtenu aucune réponse des autorités birmanes. En revanche, un journaliste étranger basé à Bangkok aurait obtenu une autorisation pour se rendre à Rangoon. La Convention nationale va se réunir à Nyaunghnapin situé à une quarantaine de kilomètres au nord de Rangoon. Selon plusieurs sources, le réseau de téléphonie mobile ne couvre pas ce bâtiment qui est situé près d'un camp militaire. Les journalistes auront peu de possibilité d'entrer en contact directement avec les centaines de délégués. Ces derniers peuvent être punis d'une peine allant de 5 à 20 ans de prison s'ils "distribuent" un discours ou un communiqué non approuvé par le Comité de travail de la Convention, contrôlé par les autorités. En 1996, un délégué de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) avait été condamné à vingt ans de prison pour avoir transmis à des journalistes un texte non validé par ce Comité. Par ailleurs, la censure préalable est toujours appliquée aux publications privées de Rangoon qui se voient de fait interdites de couvrir librement la préparation de la Convention et la position du parti d'Aung San Suu Kyi, toujours maintenue en résidence surveillée. Afin d'apaiser les pressions internationales, la junte militaire a annoncé l'ouverture d'une Convention nationale le 17 mai 2004 pour établir une nouvelle Constitution. Ni le principal parti démocratique, la LND, ni la majorité des partis des minorités ethniques n'ont confirmé leur participation. Le gouvernement a imposé les règles de la Convention qui s'était interrompue en 1996 après le retrait de la LND.
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Updated on 20.01.2016