La junte impose une couverture médiatique biaisée du procès d'Aung San Suu Kyi

Reporters sans frontières appelle la junte birmane à laisser la presse birmane et internationale couvrir librement le procès d'Aung San Suu Kyi. Les journalistes birmans ont tour à tour été invités et exclus du tribunal installé au sein même de la prison d'Insein. Aucun reporter étranger n'a été autorisé et les médias birmans ne peuvent pas couvrir comme ils le souhaitent ce nouveau procès du prix Nobel de la paix. "Les gestes d'ouverture de la junte militaire en faveur de la presse sont à géométrie variable. Les journalistes sont autorisés ou non selon le bon vouloir des militaires, et les reporters étrangers soigneusement tenus à l'écart. Cet accès limité ne permet pas aux Birmans d'être correctement informés, car la censure préalable des militaires empêche toute couverture indépendante. Ce manque de transparence rend plus que précaires les chances d'un verdict juste et équitable", a affirmé l'organisation. Depuis le début du procès, les deux chaînes nationales ont montré une seule image d'Aung San Suu Kyi, mais elles ont rapporté la tenue du procès. La télévision d'Etat MRTV a assuré, le 27 mai, que le procès de l'opposante respecterait "l'autorité de la loi". Les publications privées ont été priées de reprendre les informations communiquées par les quotidiens de la junte. Une note du ministère de l'Information leur a été envoyée, les informant qu'aucune entorse à la version officielle ne serait tolérée. Ces publications n'ont pas été autorisées à publier des clichés montrant le prix Nobel de la paix. A l'extérieur de la prison, où de nombreux policiers sont déployés, plusieurs journalistes indépendants ont été menacés pour avoir pris des photos ou des images des partisans d'Aung San Suu Kyi. Le 28 mai, un manifestant a été interpellé devant le tribunal. Les 26 et 28 mai, les autorités ont autorisé une vingtaine de journalistes birmans à assister à l'audience, dans la prison d'Insein. Dix des journalistes étaient issus de médias locaux et les onze autres travaillent pour des médias internationaux. Les publications privées du pays concernées étaient 7 Days News, The Voice Weekly, Modern Journal, News Watch, Myanmar Newsweek, Yangon Media Group, Snap Shot Journal, Popular Journal, Eleven Media Group et Myanmar Times. Dix journalistes avaient déjà obtenu la possibilité d'assister au procès le 20 mai, quatre d'entre d'eux travaillant pour des agences étrangères, un autre pour le Myanmar Times et cinq pour la presse locale. Aucune publication birmane n'a eu le droit par le Bureau de la censure de couvrir librement les débats du procès. Pour obtenir des informations indépendantes, les Birmans doivent s'en remettre aux radios internationales ou aux deux chaînes satellitaires en langue birmane DVB TV et VOA TV. Récemment, la presse officielle a dénoncé l'influence de ces télévisions, faisant planer la possibilité d'une répression plus sévère contre les détenteurs de paraboles. Aung San Suu Kyi encourt une peine de cinq ans d'emprisonnement pour avoir illégalement hébergé un ressortissant américain qui a réussi à entrer dans la résidence, sous très haute surveillance, du prix Nobel de la Paix âgée de 63 ans. Le 27 mai, le tribunal a refusé d'entendre trois témoins de la défense, dont l'ancien journaliste U Win Tin, lui-même détenu de 1989 à 2008 à Insein. Le 28 mai, les juges ont entendu un seul témoin et ont ajourné les audiences jusqu'au 1er juin.
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Updated on 20.01.2016