La journaliste et militante des droits humains Narges Mohammadi arrêtée en Iran

Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’arrestation, le 5 mai 2015, de Narges Mohammadi, journaliste et porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l’homme.

Après plusieurs convocations et menaces contre la défenseure des droits de l'homme en Iran, les agents du ministère des Renseignements ont arrêté Narges Mohammadi, et l’ont transférée à la prison d'Evin pour qu’elle y purge sa peine de six ans de prison ferme, selon les informations recueillies par RSF Cette proche collaboratrice de Shirin Ebadi, et porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l’homme, (arbitrairement interdit en Iran depuis 2006) avait déjà été arrêtée à plusieurs reprises, notamment dans la soirée du 10 juin 2010, à son domicile. Suite à la pression subie durant les interrogatoires, elle avait été victime d’une crise de nerfs, ce qui avait abouti à sa libération provisoire, le 2 juillet 2010, et à son hospitalisation pour une paralysie des muscles. Deux mois plus tard, elle avait été condamnée à onze ans de prison ferme pour “réunion et complot contre la République islamique”, “publicité contre le régime” et “collaboration avec le Centre des défenseurs des droits de l’homme”. Le 4 mars 2011, cette condamnation avait été réduite à six ans de prison ferme par la Cour d’appel. Le 21 avril 2012, elle avait été interpellée dans la ville de Zanjan (nord du pays), avant d’être transférée à la prison d’Evin à Téhéran. Depuis le 31 juillet 2012, Narges Mohammadi, qui bénéficie d’une permission de sortie de prison pour traitement médical, après le versement d’une caution de 600 millions de tomans (environ 480 000 euros), est harcelée par les autorités judiciaires et des agents du ministère des Renseignements. Elle a été convoquée le 1er juin 2014 par le parquet qui siége dans la prison d’Evin. A la fin de son interrogatoire, elle a été informée de son interdiction de quitter l’Iran. Le 3 mai 2015, elle a été à nouveau convoquée devant la 15e chambre du tribunal de la révolution de Téhéran pour répondre des accusations telles que “action contre la sécurité nationale et publicité contre le régime” et pour ces “récentes activités”, notamment pour avoir participé aux différentes campagnes contre la peine de mort ou contre l’impunité en Iran. Elle soutenait notamment la mère du blogueur Sattar Beheshti, tué en détention dans un centre de la cyberpolice iranienne le 3 novembre 2012, qui réclame justice pour son fils. L’arrestation de Narges Mohammadi a rapidement entraîné plusieurs réactions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Ses compagnons de lutte, notamment la mère de Sattar Beheshti, Mohammad Nourizad, figure universitaire emblématique en Iran ou bien encore Mohammad Malkion... ont organisé un sit-in devant la prison d'Evin. La prix Nobel de la paix Shirin Ebadi et la présidente du Centre des défenseurs des droits de l’homme ont exhorté, dans une lettre ouverte adressée à plusieurs rapporteurs spéciaux de Nations unies, notamment Ahmed Shaheed, rapporteur spécial chargé d’examiner la situation des droits de l’homme en Iran, de tout faire pour obtenir la libération de Narges Mohammadi. L’Iran est classé 173e sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2015 de Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016