La journaliste australienne Mary Ann Jolley interdite d’entrée en Nouvelle-Zélande
Les services de l'immigration néo-zélandais ont refusé que la journaliste pénètre sur le territoire de l’archipel au motif qu’elle avait été expulsée de Malaisie en 2015 en raison d’un reportage. Reporters sans frontières (RSF) demande au gouvernement de Jacinda Ardern d’intervenir pour mettre un terme à cette situation ubuesque.
“Concrètement, je suis considérée comme une criminelle par la Nouvelle-Zélande.” C'est la conclusion à laquelle la journaliste d’investigation australienne Mary Ann Jolley est parvenue après que les services de l'immigration néo-zélandais ont refusé, la semaine dernière, qu’elle embarque depuis Sydney sur un vol à destination d'Auckland, où elle devait se rendre pour des raisons personnelles.
En cause, une interprétation particulièrement étroite de la section 15 du code de l'immigration néo-zélandais, qui interdit d’entrée sur le territoire de l’archipel toute personne qui a, “par le passé, été renvoyée, expulsée ou déportée d’un autre pays”. Or, Mary Ann Joley a en effet été expulsée, en 2015, de Malaisie, où elle effectuait un reportage pour Al-Jazeera sur une affaire de corruption impliquant l’ancien Premier ministre Najib Razak, sur fond de meurtre politique et de vente de sous-marins français.
Alors que la journaliste a pu, depuis, se rendre à de multiple reprises en Malaisie sans aucun problème, elle se voit interdite de territoire néo-zélandais en raison de cette expulsion liée au reportage qu’elle effectuait à Kuala Lumpur. Après qu’elle les a contactés, les services consulaires de Nouvelle-Zélande à Sydney lui ont fait savoir qu’elle devra, dans le futur, faire une demande sui generis pour obtenir une “autorisation spéciale” à chaque fois qu’elle voudra pénétrer sur le territoire de l’archipel.
L’absurde à son comble
“Alors que tout citoyen australien peut librement se rendre en Nouvelle-Zélande, il n’est pas acceptable que Mary Ann Jolley soit ainsi pénalisée pour un reportage qu’elle a effectué dans un pays tiers il y a cinq ans, déplore Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons le ministre de l’Immigration Iain Lees-Galloway à intervenir immédiatement en faveur de la journaliste pour mettre un terme à cet épisode totalement kafkaïen.”
Mary Ann Jolley garde toujours avec son passeport des documents officiels émis par le gouvernement malaisien qui expliquent les causes de la déportation dont elle fut l’objet en 2015, et qui attestent qu’elle n’a commis aucun crime. Comble de l’absurde, la journaliste avait été autorisée à entrer sur le territoire néo-zélandais l’année passée, pour couvrir l’attentat contre les mosquées de Christchurch.
La Nouvelle-Zélande se situe à la 7e place dans l’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.