La jeune blogueuse Tal Al-Mallouhi devant un tribunal d’exception

Tal Al-Mallouhi, étudiante et blogueuse de 19 ans, emprisonnée depuis onze mois, a comparu, le 10 novembre 2010, devant la Haute Cour de sécurité de l’Etat. Elle serait accusée d’espionnage au profit des Etats-Unis et maintenue en isolement à la prison de Douma, près de Damas. Sa famille a pu lui rendre visite une seule fois, le 30 septembre dernier. Reporters sans frontières s’inquiète de la décision des autorités de traduire la jeune blogueuse devant un tribunal d’exception, dont les jugements sont sans appel. « Nous demandons aux autorités syriennes soit de jouer le jeu de la transparence et soit de poursuivre la blogueuse devant une juridiction ordinaire compétente, en fournissant de véritables preuves, et non de vagues accusations, soit de la relâcher. Tal Al-Mallouhi est une étudiante ordinaire qui, loin de faire acte de dissidence, partageait tout simplement sa vision de la société sur son blog. Elle est en réalité la victime d’une grossière tentative de manipulation par les services secrets syriens », a déclaré l’organisation. Tal Al-Mallouhi avait été arrêtée par les services de renseignements syriens à la fin du mois de décembre 2009. Son ordinateur et des effets personnels avaient été saisis. Sur son blog, elle traitait principalement du sort des Palestiniens. Les allégations à son encontre s’appuieraient notamment sur une lettre adressée au président Barack Obama, dans laquelle la jeune fille lui demandait de prendre des positions plus équilibrées vis-à-vis des Arabes et des Musulmans, et sur son invitation à une réception à l’ambassade des Etats-Unis au Caire, à l’occasion de la fête nationale américaine. Un officier de renseignements syrien ayant été agressé au Caire, les autorités de Damas semblent à la recherche d’un bouc emissaire à incriminer. A l’initiative de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, de la Ligue syrienne de défense des droits de l’homme et de l’Organisation nationale des droits de l’homme en Syrie, plus de sept organisations syriennes de défense des droits de l’homme ont signé un appel à sa libération.