La grève de la faim des journalistes se poursuit dans un climat de pression croissante

L'état de santé du rédacteur en chef du quotidien Azadlig, Ganimat Zahidov, s'est nettement dégradé mais celui-ci refuse, malgré les demandes du Syndicat des journalistes, de mettre un terme à son action. Il a été rejoint aujourd'hui par Shahin Agabeyli, du journal Milli Yol, et Fikret Faramazoglu, du quotidien Yeni Musavtet. La poursuite et le développement de cette action - les grévistes de la faim pourraient très prochainement être rejoints par des militants des droits de l'homme et des personnalités azéries -, interviennent en réaction à la récente multiplication des atteintes à la liberté de la presse en Azerbaïdjan. Cette grève de la faim s'accompagne, pour toute la semaine, d'un mouvement de protestation organisé par le Syndicat des journalistes devant les locaux de la présidence. “Reporters sans frontières rappelle que l'existence d'une presse d'opposition est l'un des critères essentiels permettant d'évaluer le degré de liberté dont jouit une société. La presse d'opposition azérie doit bénéficier des mêmes conditions d'exercice que la presse officielle. L'épreuve de force engagée avec les médias indépendants, nationaux et étrangers, et l'opposition est un signe inquiétant de la volonté du pouvoir azéri de rependre en main la société”, a déclaré Reporters sans frontières. La mobilisation des journalistes et des opposants au président Ilham Aliev s'est accrue au cours des dernières semaines, après une série d'atteintes à la liberté de la presse. En octobre, le journaliste et écrivain Sakit Zahidov a été condamné à trois ans d'emprisonnement pour trafic de drogue. Depuis plusieurs semaines, les radios étrangères BBC, Radio Free Europe / Radio Liberty et Voice of America sont menacées de ne plus pouvoir être diffusées sur leurs fréquences actuelles (via des diffuseurs locaux) et l'expulsion du principal journal d'opposition Azadlig, de la télévision indépendante ANS TV et de l'agence de presse Turan de leurs locaux a été annoncée. Les manifestations dénonçant ces pressions ont été dispersées par la force. Face à ces mesures, des opposants, des journalistes et des défenseurs de la presse libre se sont mobilisés. Ils demandent le soutien des autorités européennes et les enjoignent de ne pas fermer le yeux sur la réalité politique du pays en échange du pétrole azéri. Dans un communiqué du 15 novembre 2006, l'OSCE appelait les autorités azéries à faire plus pour protéger les journalistes et à retrouver notamment les assassins d'Elmar Husseynov, rédacteur de l'hebdomadaire d'opposition Monitor tué par balles à Bakou en 2005.
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Updated on 20.01.2016