“La flamme est bien éteinte” : Reporters sans frontières dénonce la campagne de censure sur l'Internet chinois
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Depuis le lancement par les autorités chinoises d'une campagne de lutte contre la pornographie sur l'Internet, le 5 janvier 2009, plus de 90 sites ont été bloqués, dont certains n'ont rien à voir avec ce phénomène. Pour Reporters sans frontières, cette chasse à la pornographie est un prétexte au redoublement de la censure en ligne. Le 13 janvier 2009, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Jian Yu, a déclaré que la Chine avait “adopté une attitude positive et ouverte face à la gestion d'Internet”.
“La grande muraille du Net ne suffit plus aux autorités, qui se servent de la pornographie pour bloquer des sites sur lesquels les internautes s'expriment librement. Ces derniers ont montré qu'ils savaient comment y pratiquer des brèches et l'acharnement des autorités prouve leur crainte face à l'appropriation d'Internet par les citoyens chinois. La flamme des Jeux olympiques est définitivement éteinte et l'ouverture tant vantée par le gouvernement chinois n'existe plus. La traque aux dissidents politiques est désormais visible et explicite”, a déclaré l'organisation.
Le 5 janvier, le gouvernement s'est lancé dans une campagne de lutte contre les “contenus pornographiques” disponibles sur le Web, en ordonnant aux moteurs de recherche Google et Baidu, les deux plus utilisés dans le pays, de “prendre des mesures plus efficaces” pour combattre ce phénomène.
Mais cette campagne est plus large et cible également les articles traitant des questions politiques ou de défense des droits de l'homme. Ainsi, l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a dénoncé le blocage de son site Internet en janvier, accessible en Chine depuis le 1er août 2008, à la veille des Jeux olympiques de Pékin. Jian Yu a répondu à cette affirmation que “ce genre d'accusation est faite car ils ne connaissent pas la situation en Chine”.
Par ailleurs, depuis le 9 janvier 2009, le portail de blogs politiques http://www.bullog.cn est inaccessible. L'auteur du portail, Luo Yonghao (罗永浩), a publié un article traitant de ce blocage sur son site Internet dans lequel il publie la notification du gouvernement de la ville de Pékin demandant la fermeture de la plateforme : “Le site www.bullog.cn publie un grand nombre d'informations négatives dans le domaine politique. Nous lui avons déjà demandé de corriger cela mais ce site n'a toujours pas pris de mesure efficace. Désormais, il est nécessaire que l'hébergeur bloque le nom de domaine - HOLD : nom de domaine de bullog.cn”, dit le texte de cette décision.
Le portail concerné regroupe des sites Internet politiques très connus, dont certains appartiennent à des signataires de la Charte 8, un texte demandant des réformes démocratiques en Chine et rédigé sur le modèle de celle diffusée en 1977 par des dissidents tchécoslovaques : Ran Yunfei 冉云飞, Baozuitun 饱醉豚, Liao Wendao 梁文道 , Ai Weiwei艾未未, Wang Xiaoshan 王小山, Mo Zhixu 莫之许, Wu Yue San Ren 五岳散人, Shi Nian Kan Chai 十年砍柴 et A Ding 阿丁.
Le site Internet bullog.cn a déjà été suspendu en octobre 2007 mais Luo Yonghao avait promis aux autorités qu'il serait “vigilant sur le contenu du site” pour pouvoir le rouvrir.
Parallèlement à cette campagne concernant Internet, le gouvernement a annoncé, le 13 janvier, sa volonté de renforcer le pouvoir de ses médias d'Etat tels que la station de télévision CCTV et l'agence de presse Xinhua. Le directeur du Bureau de la propagande, Liu Yunshan, a écrit dans le journal idéologique du Parti communiste chinois (PCC), qui fixe les priorités politiques chaque année : “Il est devenu urgent pour la Chine de faire en sorte que nos capacités de communication soient en phase avec notre prestige à l'échelle internationale.” La Chine va désormais consacrer 17 milliards de yuans (près de deux milliards d'euros) pour ces deux médias, afin d'accroître leurs influences respectives.
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Lire un article de Ran Yunfei (en anglais)
Publié le
Updated on
20.01.2016