La femme du blogueur emprisonné Ali Abdulemam se confie à la BBC
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Jenan Al Oraibi, la femme d’Ali Abdulemam, blogueur emprisonné au Bahreïn depuis le 4 septembre 2010 (voir article) a accordé à la chaîne britannique BBC (voir article) un témoignage émouvant sur son mari.
La prochaine audience du procès d’Ali Abdulemam et des vingt-quatre autres activistes au Bahreïn aura lieu le 23 décembre prochain. Les prévenus devront compter sur de nouveaux avocats commis d’office puisque leurs avocats ont démissionné en masse le 9 décembre dernier en signe de protestation contre un procès qu’ils jugent inique et inéquitable (voir article). Leur décision s’appuie sur l’article 186 du code pénal qui impose la suspension d’un procès lorsque des actes de torture sont dénoncés, et ce jusqu’à ce qu’une enquête soit menée. Reporters sans frontières soutient cette revendication et dénonce, dans cette affaire, la violation, par les autorités, de la loi bahreïnie.
Dans cet entretien, Jenan Al Oraibi décrit son mari comme “un écrivain, un journaliste, un blogueur”. Elle explique qu’“Ali n’appartient à aucun parti politique. Il a une “plume” libre. C’est exactement son crime: avoir une plume libre.” Elle rappelle que le dernier article de son mari sur son blog évoquait le sort des autres prisonniers politiques détenus au Bahreïn. Pour elle, les 25 activistes jugés en ce moment dans le pays “sont tous des victimes. Ce sont tous de bonnes personnes qui ont des emplois honnêtes dans la société. Ils sont tous innocents”. Elle ajoute: “Mon mari est innocent”.
Confirmant les allégations de tortures des prisonniers, elle révèle que les autorités avaient “averti” son mari en lui déclarant : “Si tu parles de maltraitance ou de torture, nous te torturerons encore plus.” Pour Jenan Al Oraibi, ces détenus “sont tous très courageux, des héros”, puisqu’”ils ont décidé de se lever et de dire exactement ce qui leur arrivaient”, malgré les menaces.
Elle peut devrait pouvoir visite à son mari tous les mercredis, mais la durée et la fréquence de ces visites ont été raccourcies. Ils ne peuvent pas “parler des sujets politiques, de ce qui se passe dans le rue, ou dans les journaux”. “Même s’il n’y a rien sur eux dans les journaux, puisque le sujet est interdit au Bahreïn”.
Depuis l’arrestation de son mari, elle assume seule ses trois enfants en bas âge et dit se sentir constamment menacée. Lors de ses interrogatoires, les autorités ont menacé Ali Abdulemam de faire licencier sa femme. Elle se dit inquiète d’avoir parlé à la BBC, les journalistes de la chaîne ayant été constamment suivis, mais déclare: « Je serais plus préoccupée encore si j’étais restée silencieuse ».
Publié le
Updated on
20.01.2016