Reporters sans frontières dénonce le harcèlement policier dont sont victimes Samia Abbou, Moncef Marzouki, Slim Boukhdir et Samir Ben Amar, arrêtés à un barrage routier, puis agressés, alors qu'il se rendaient à la prison de Kef où est détenu Mohammed Abbou.
Reporters sans frontières dénonce l'agression, le 7 décembre 2006, de Samia Abbou, l'épouse de l'avocat et défenseur des droits de l'homme Mohammed Abbou, ainsi que de l'opposant politique Moncef Marzouki, du journaliste Slim Boukhdir et de l'avocat Samir Ben Amar. Ils ont été bloqués à un barrage routier par une quarantaine de policiers alors qu'il se rendaient à la prison du Kef (à 170 km de Tunis) où est actuellement emprisonné Mohammed Abbou. Ils ont ensuite été agressés à deux reprises par des groupes de jeunes, sous le regard de la police.
“La police tunisienne tente par tous les moyens d'empêcher que Mohammed Abbou soit contacté. Nous condamnons ce harcèlement policier qui tient de l'arbitraire le plus total et exigeons qu'il y soit mis fin immédiatement”, a déclaré l'organisation qui a renouvelé son appel à la libération de Mohammed Abbou.
Samia Abbou, Moncef Marzouki, Slim Boukhdir et Samir Ben Amar sont partis de Tunis dans la matinée pour se rendre à la prison de Kef à l'occasion de la visite hebdomadaire de Samia Abbou à son époux. Sur la route, ils ont été arrêté par trois barrages routiers successifs. Au troisième barrage, une quarantaine de policiers les ont bloqués, leur interdisant de reprendre la route que ce soit dans un sens ou dans un autre. Leurs papiers ont été confisqués.
Moncef Marzouki et Slim Boukhdir ont alors décidé de continuer à pied vers la prison de Kef. Les voyant s'en aller, les policiers les ont finalement laissés repartir avec leur véhicule.
Ils ont repris la route mais se sont alors fait agressé à deux reprises. Tout d'abord à la sortie d'un restaurant, ils ont été pris à partie par un groupe de jeunes qui les ont insultés et bousculés. Ils ont tout de même réussi à repartir mais arrivés devant la prison de Kef, le même scénario s'est répété. Une trentaine de personnes les attendaient et une violente altercation s'est ensuivie. Les jeunes s'en sont pris physiquement à Mme Abbou, M. Marzouki, M. Boukhdir et M. Ben Amar et ont détérioré leur véhicule. Des policiers présents n'ont rien fait pour empêcher cette agression et l'ont même filmée.
Mme Abbou, M. Marzouki, M. Boukhdir et M. Ben Amar se sont finalement résignés à rentrer à Tunis, sans avoir pu rendre visite à Mohammed Abbou. Contacté par Reporters sans frontières, Moncef Marzouki a fait savoir qu'il n'avait jamais été traité si violemment et que Samia Abbou était en état de choc.
Samia Abbou et sa famille sont victimes de harcèlements constants depuis l'arrestation de Mohammed Abbou, surnommé “l'avocat de la liberté”. En octobre déjà, les forces de l'ordre tunisiennes avaient tenté de la terroriser en encerclant son domicile et empêchant amis et avocats de lui rendre visite. Depuis l'arrestation de son mari, Samia Abbou n'a de cesse de se battre pour protester contre les conditions de sa détention.
Mohammed Abbou est emprisonné depuis le 1er mars 2005 à la prison du Kef. Condamné le 29 avril 2005 à trois ans et six mois de prison, à l'issue d'un simulacre de procès, sa peine a été confirmée en appel deux mois plus tard. Il a été condamné notamment pour la publication sur Internet d'un article dans lequel il comparait les tortures infligées en Tunisie à des prisonniers politiques aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib.
Il y a plus de 15 ans, Reporters sans frontières mettait en place le " parrainage " et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli. Mohammed Abbou est parrainé par Aldaketa Hamasei-Cambio 16, El Periodico de Catalunya, CIBL FM, Campus, Quartier Libre, Le Métropolitain.
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