La directrice d'un bimensuel condamnée à un an de prison ferme

Reporters sans frontières dénonce le jugement du 20 avril 2007 d'un tribunal de Kigali condamnant à un an de prison ferme Agnès Nkusi Uwimana, la directrice du bimensuel Umurabyo. Incarcérée depuis le 12 janvier 2007, Agnès Nkusi Uwimana était accusée de "divisionnisme", "sectarisme"et "diffamation". Lors du procès, après l'exposé des faits du ministère public, elle avait reconnu les infractions qui lui étaient reprochées et plaidé coupable, en reconnaissant "la gravité de ses écrits" et promettant "de publier un rectificatif". Au cours de l'audience, son avocat, maître Sayinzoga, a insité sur le fait qu'Agnès Nkusi Uwimana reconnaissait que son article "Celui qui tue un tutsi a des problèmes, mais celui qui tue un hutu est libre" ait pu heurter certaines personnes. Il a ajouté qu'elle demandait pardon à quiconque s'était senti lésé par ses écrits et demandait "la clémence de la justice rwandaise", et "la réduction des peines qui lui seront infligées". Le juge a affirmé avoir pris en compte l'aveu de l'accusée et divisé la peine encourue par deux. En plus de la peine d'un an d'emprisonnement et d'une amende de 400 000 francs rwandais (environ 560 euros), Mme Uwimana doit s'acquitter de dommages et intérêts de 2 800 000 francs rwandais (soit près de 3 900 euros). Lors du réquisitoire, le ministère public avait demandé un emprisonnement de cinq ans, six mois et huit jours. Agnès Nkusi Uwimana et son avocat ignorent s'ils vont faire appel. ________________________________ 22.01.2007 - Reporters sans frontières proteste contre le maintien en détention de la directrice du bimensuel Umurabyo Reporters sans frontières dénonce la décision du juge du tribunal de Nyarugenge, à Kigali, le 19 janvier 2007, plaçant en détention préventive pour une période de trente jours Agnès Uwimana Nkusi, directrice de publication du bimensuel privé Umurabyo. "Face à un acte d'accusation vague et à forte teneur politique, le tribunal a rendu une décision inéquitable et passé outre au principe de la présomption d'innocence. Même si la journaliste a reconnu que son article avait pu avoir un impact négatif et proposé de publier un rectificatif, le juge s'est rangé du côté du pouvoir, soutenant sa volonté manifeste de faire disparaître une des rares publications indépendantes du pays. Pour que cette affaire soit traitée de manière juste, la directrice d'Umurabyo doit être libérée", a déclaré l'organisation. Le juge du tribunal de base de Nyarugenge, à Kigali, a accédé à la demande du ministère public, le 19 janvier, plaçant Agnès Uwimana Nkusi en détention préventive pour une période de trente jours, considérant qu'elle représentait une menace pour la sécurité du pays. Le tribunal a ainsi accordé un mois au parquet pour étoffer son dossier. Les chefs d'accusation de "divisionnisme", "sectarisme" et "diffamation" ont été retenus contre elle, pour des articles parus dans les numéros 10 et 11 de son journal. Au cours de l'audience, Agnès Uwimana Nkusi a reconnu que l'article intitulé "Celui qui tue un tutsi a des problèmes, mais celui qui tue un hutu est libre" avait eu "un mauvais impact" et s'était engagée à publier un article rectifiant son opinion. Elle a expliqué, d'autre part, que le courrier d'un lecteur adressé aux journalistes indépendants rwandais, publié dans le numero 11 d'Umurabyo, avait été reçu par plusieurs médias, mais que seul son journal l'avait publié dans son intégralité. --------------- 15.01.2007 - La directrice d'Umurabyo arrêtée pour avoir dénoncé les atteintes à la liberté de la presse Reporters sans frontières demande la libération d'Agnès Uwimana Nkusi, directrice de publication du bimensuel privé Umurabyo, incarcérée au commissariat de police du quartier Muhima, à Kigali, depuis le 12 janvier 2007. "Le gouvernement ne peut pas à la fois se défendre de ne pas supporter la critique et s'en prendre systématiquement à la presse indépendante avec tous les instruments qu'une législation liberticide met à sa disposition. Dans une démocratie, la régulation des médias n'est pas du ressort de la police, mais d'outils indépendants et respectés par tous", a déclaré Reporters sans frontières. Agnès Uwimana Nkusi a été arrêtée le 12 janvier par la police rwandaise sur ordre du parquet du district de Nyarugenge. Poursuivie pour "sectarisme" et "discrimination", elle a été interrogée par le substitut du procureur sur l'origine d'une lettre ouverte aux journalistes indépendants, publiée dans le numéro 11 d'Umurabyo. Ce texte dénonçait les atteintes à la liberté de la presse au Rwanda. Selon la police, les autorités entendent appréhender les sources de la journaliste et les poursuivre pour les mêmes charges. La journaliste doit être présentée à un juge le 16 janvier. Celui-ci doit statuer sur son maintien en détention. Umurabyo, une des rares publications critiques paraissant à Kigali, avait déjà été au centre d'une polémique pour avoir publié, dans son numéro 10, un article intitulé : "Celui qui tue un tutsi a des problèmes, mais celui qui tue un hutu est libre". Le Haut Conseil de la presse, un organe de régulation des médias contrôlé par le pouvoir, avait requis trois mois de suspension pour le journal. La décision n'avait pas encore été validée par le ministre de l'Information, comme la loi le requiert, quand Agnès Uwimana Nkusi a été arrêtée.
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Updated on 20.01.2016