La diffusion de Radio Jowhar reprend, sans musique

La station privée Radio Jowhar diffuse à nouveau depuis le 11 septembre à midi, après avoir passé 27 heures sans électricité, suite à une décision des tribunaux islamiques. Tout genre de musique, des chansons d'amour aux airs nationalistes, est désormais interdit, sauf les jingles n'excédant pas une durée d'une minute, a déclaré Omar Faruk Osman, le secrétaire général du Syndicat des journalistes somaliens (NUSOJ), l'organisation partenaire de Reporters sans frontières dans le pays. ----------------------------- 11.09.06 - Les tribunaux islamiques font fermer une radio et ordonnent l'arrestation d'un journaliste Reporters sans frontières s'élève contre les mesures punitives récemment prises par les tribunaux islamiques somaliens à l'encontre de la presse, dont la fermeture de la station privée Radio Jowhar et la détention arbitraire, pendant 48 heures, d'Osman Adan Areys, journaliste à Beledweyne (Centre). “Il est douloureux de constater que, pour la population somalienne, l'oppression succède peu à peu à l'anarchie. Il n'est pas trop tard pour que les tribunaux islamiques comprennent que le maintien de l'ordre, ce n'est pas l'imposition du règne de la peur et de l'interdit. Les efforts que Radio Jowhar a fournis pour maintenir une ligne éditoriale indépendante dans le climat épouvantable qui prévaut en Somalie doivent être récompensés par le respect, et non par une fermeture arbitraire. De même, les journalistes ne doivent pas craindre d'être arrêtés par des miliciens sous prétexte que la réalité dont ils ont rendu compte dérange le pouvoir”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 9 septembre 2006, l'administration régionale du Moyen-Shabelle, loyale aux tribunaux islamiques de Mogadiscio, a ordonné à la station privée Radio Jowhar de cesser de diffuser de la musique et des chansons. Selon un commandant du Conseil suprême islamique de Somalie (SICS) cité par l'Agence France-Presse (AFP), cette décision a été prise pour stopper la diffusion d'une “musique qui promeut un comportement diabolique”. Selon un autre responsable des tribunaux islamiques cité par Associated Press (AP), il est “inutile de diffuser de la musique et des chansons d'amour pour la population”. Après avoir reçu cet ordre, la direction de la radio a tenté de se défendre en expliquant qu'il était vital pour la station de continuer à diffuser de la musique. Une unité armée du SICS a alors été dépêchée au siège de Radio Jowhar et a procédé à l'interruption de sa diffusion. La société fournissant l'électricité à la ville a également reçu l'ordre de ne plus alimenter la station, selon l'organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, l'Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ). Radio Jowhar, fondée par des intellectuels issus de différents clans, est la seule station privée de la ville. Elle s'efforce de maintenir une ligne éditoriale indépendante, dans un contexte où de nombreuses radios s'engagent aux côtés des différentes forces politiques qui se disputent le pouvoir. La veille, à Beledweyne, capitale de la région de Hiiraan (Centre), une milice loyale aux tribunaux islamiques a arrêté Osman Adan Areys, correspondant local de la station privée Radio Simba et d'autres stations FM de Mogadiscio. Le journaliste couvrait une manifestation de protestation contre l'éventuel déploiement de troupes de maintien de la paix en Somalie, organisée après les prières du vendredi. Selon des journalistes de Beledweyne cités par la NUSOJ, Osman Adan Areys a été arrêté en raison d'un reportage recueillant les récriminations de la population de la ville contre les restrictions imposées par les tribunaux islamiques. Il a été relâché le 10 septembre sans qu'aucune charge soit retenue contre lui.
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Updated on 20.01.2016