La dernière édition du Time Magazine doublement censurée pour sa couverture sur les bouddhistes radicaux
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Reporters sans frontières s'insurge contre la décision prise par la direction d'Inwa Publications de ne pas distribuer l'édition du 1er juillet 2013 du Time Magazine, dont la couverture est consacrée au moine bouddhiste Ashin Wirathu avec pour titre "le visage de la terreur bouddhiste" ("The Face of Buddhist Terror"). L'organisation condamne avec fermeté la validation de cette censure par le gouvernement birman et appelle à la levée d'interdiction de vente imposée au Time Magazine.
"En prenant cette décision, Inwa Publications dépasse largement son rôle de distributeur et s'arroge abusivement un pouvoir de censure, politiquement motivée, allant même jusqu'à justifier sa décision par la récente suppression du bureau de censure préalable, la PSRD. En tant que canal de distribution unique de Time Magazine, la compagnie privée attente à la liberté de la presse ainsi qu'au droit à l'information de la population birmane", a déclaré Reporters sans frontières.
"La décision consécutive des autorités d'interdire la vente de Time Magazine sous toutes ses formes nous inquiète au plus haut point. Alors que la loi sur les médias est toujours en cours d'élaboration, elle traduit un état d'esprit contraire aux principes fondamentaux qui devraient gouverner les réformes du cadre légal de la presse. Ce geste témoigne de la volonté inchangée du gouvernement de contrôler l'information et de s'octroyer le droit de pratiquer une censure préalable chaque fois qu'il le jugera nécessaire. Cet acte constitue un bond en arrière inacceptable pour la liberté de la presse dans le pays. Les autorités doivent revenir sur leur décision et accepter de regarder les problèmes en face", a ajouté l'organisation.
Le 26 juin 2013, le vice ministre de l'Information et porte parole de la présidence, Ye Htut, a annoncé l'interdiction de parution de Time Magazine sur les réseaux sociaux. Un communiqué de presse du bureau de la présidence a par la suite été relayée par la télévision publique.
Le message posté par Ye Htut sur Facebook indique notamment qu'il "est interdit de produire, vendre et/ou distribuer la version originale ou une photocopie de l'article intitulé 'Le visage de la terreur bouddhiste' paru dans le numéro du 1er juillet de Time Magazine, afin d'éviter de nouveaux conflits raciaux et religieux".
La juxtaposition des mots "bouddhiste" et "terreur" aurait été mise en cause par le bureau de la présidence, qui a affirmé que l'article "créait une confusion sur le bouddhisme" et nuit aux efforts d'apaisement suite aux récentes violences qui se sont soldées par la mort et l'exil de nombreux civils.
Dernièrement, les propos radicaux du moine bouddhiste Ashin Wirathu, qui figure en couverture du dernier numéro du magazine, ont fait l'objet d'une attention accrue des médias, dans le contexte des récents affrontements religieux qui ont émaillé le pays. Faisant référence aux musulmans vivant dans le pays, le moine a récemment déclaré : "On peut être emplis d'amour et de gentillesse mais on ne peut pas dormir à coté d'un chien enragé".
Depuis les premières violences en Arakan, en mai 2012, à la suite desquelles Reporters sans frontières avait publié un rapport sur les menaces sur la liberté de l'information, plusieurs médias étrangers, et certains médias birmans, récemment rentrés d’exil, à l'instar de la Democratic Voice of Burma, sont régulièrement pris à partie par des médias birmans et la population à majorité bouddhiste, qui les accusent de couverture biaisée des conflits interreligieux.
A la suite des premières violences, pour réguler la couverture médiatique et les commentaires haineux de certains internautes, le gouvernement avait alors privilégié la menace et le renforcement du contrôle des médias, ramenant sans hésitation la liberté de la presse à son niveau d’avant les premiers signes d’ouverture, en 2011.
Après avoir notamment discuté des problématiques liées au manque d'information sur les violences, entre le 10 et 13 juin dernier, le Parlement européen s'est prononcé en faveur de l’ouverture aux journalistes des zones sensibles de Birmanie, parmi lesquelles l’Etat de l’Arakan, d’où sont majoritairement originaires les Rohingyas.
Lire le rapport spécial : “La crise dans l’Etat d’Arakan et les nouvelles menaces sur la liberté d’information”, publié par Reporters sans frontières le 28 juin 2012.
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Updated on
20.01.2016