La création d'un organe de presse soumise au paiement de montants exorbitants

Reporters sans frontières s'inquiète des sommes exigées par le ministère de l'Information pour la création de nouveaux organes de presse. Ces montants doivent être soumis au Conseil des ministres pour approbation. "Etant donné la situation économique des journalistes rwandais, il est clair que les sommes exigées par les autorités sont prohibitives et ne permettent tout simplement pas la création de nouveaux médias. Après la suspension temporaire de la BBC, puis d'un hebdomadaire indépendant, et la condamnation de plusieurs journalistes à des peines de prison, nous dénonçons la volonté affichée du gouvernement de Kigali de s'assurer un contrôle total de l'information à l'approche de l'élection présidentielle de 2010. Nous demandons au Conseil des ministres rwandais de ne pas approuver cette proposition du ministère de l'Information", a déclaré l'organisation. Le 22 septembre 2009, profitant d'une réunion avec les professionnels du secteur des médias au cours de laquelle une baisse des frais d'accréditation pour les journalistes étrangers a été annoncée, le directeur général du ministère de l'Information, Ignatius Kabagambe, a communiqué aux journalistes les sommes exigées pour la création d'organes de presse. Le lancement d'un journal de presse écrite est conditionné au versement d'un capital de 23 millions de francs rwandais (soit 41 000 dollars), une radio doit apporter 45 millions de francs rwandais (soit 81 000 dollars), et une télévision 105 millions de francs rwandais (près de 187 500 dollars). Par ailleurs, l'ancien journaliste de la station publique Radio Rwanda, Dominique Makeli, a été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité. Le 19 septembre, le tribunal d'appel gacaca (tribunal populaire mis en place pour juger les suspects du génocide rwandais de 1994) du secteur Gikondo, à Kigali, l'a reconnu coupable de crime de génocide. L'ancien journaliste est accusé d'incitation au génocide par le truchement de la radio nationale, de réunions de planification du génocide, d'attaques contre les Tutsis à Kabgayi (centre du pays), d'association de malfaiteurs et de tentative d'assassinat. Le tribunal a classé Dominique Makeli dans la première catégorie des planificateurs du génocide. L'ancien journaliste avait été acquitté des accusations de génocide portées contre lui depuis 1994 et remis en liberté le 13 octobre 2008, après quatorze années de détention. Début août 2009, deux journalistes ont été condamnés à des peines de prison – respectivement deux ans et trois mois ferme – et un hebdomadaire indépendant a été suspendu pour trois mois. Lire le précédent communiqué .
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Updated on 20.01.2016