La condamnation de Fahem Boukadous confirmée en appel

Le tribunal d’appel de Gafsa a confirmé, le 6 juillet 2010, la condamnation du journaliste Fahem Boukadous, par contumace, à une peine de quatre ans de prison ferme. Cette décision a été rendue alors que le journaliste est hospitalisé à Sousse depuis le 3 juillet dernier pour des problèmes respiratoires. « Un tel jugement va à l’encontre des principes fondamentaux de la justice tunisienne. C’est clairement une décision politique que de condamner ce journaliste pour n’avoir fait que son travail, et ce sans que ses avocats aient pu plaider », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation. « Depuis plus de quarante-huit heures la police politique exerçait des pressions sur la direction de l’hôpital pour qu’ils ne me délivrent pas de certificat médical, certificat qui aurait permis de reporter le procès. Malgré mon état de santé critique, je peux être arrêté d’une minute à l’autre », a déclaré Fahem Boukadous à Reporters sans frontières. « Le jugement est exécutoire. Fahem peut être arrêté immédiatement », a déclaré Rida Ridaoui, avocat du journaliste, à Reporters sans frontières. Avant d’ajouter : « Un tel jugement constitue une infraction grave aux procédures pénales tunisiennes : en droit tunisien, quand un accusé est hospitalisé, le procès est automatiquement reporté. Par ailleurs, Fahem a été condamné sans que ses avocats aient pu plaider. » En décembre 2008, le tribunal de première instance de Gafsa (400 km au sud de Tunis) avait condamné Fahem Boukadous, journaliste pour la chaîne satellitaire El Hiwar Ettounsi, alors en clandestinité, à une peine de six ans de prison ferme, pour “constitution d’une association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens”, suite à la couverture médiatique des manifestations populaires dans la région minière de Gafsa. Le 5 février 2009, la cour d’appel avait confirmé cette condamnation. Le 24 novembre 2009, le journaliste s’est présenté libre devant le tribunal de Gafsa, mettant ainsi un terme à près de dix-sept mois de clandestinité. Etant absent lors du procès, Fahem Boukadous avait fait opposition au jugement fin 2009. La procédure a donc recommencé depuis le début, annulant les décisions juridiques précédentes concernant le journaliste. Il avait été condamné le 13 janvier 2010 à quatre ans de prison ferme pour les mêmes faits que ceux qui lui étaient reprochés en décembre 2008. -------- 22 juin 2010 - Nouveau report du procès du journaliste Fahem Boukadous A la demande de la défense, et ce pour des raisons médicales, le procès de Fahem Boukadous a été reporté au 6 juillet 2010. ------ 18.05.2010 - Quatrième report du procès de Fahem Boukadous Le 18 mai 2010, le procès de Fahem Boukadous a été reporté pour la quatrième fois à une date ultérieure. Après une brève audience, le juge a décidé d’ajourner le procès à la demande des avocats de Fahem Boukadous, étant toujours hospitalisé à Sousse. La prochaine audience a été fixée au 22 juin. ------------- 28.04.10 -Report du procès de Fahem Boukadous au 18 mai 2010 Une nouvelle fois, le procès de Fahem Boukadous a été reporté au 18 mai 2010. La veille de l’audience, le journaliste a été victime d’« une crise d’asthme sévère », d’après le certificat médical délivré par la clinique Al-Amen à Gafsa. Fahem Boukadous a été admis en réanimation pendant six heures, le 26 avril, avant d’être transféré au service de médecine générale. Il est sorti de la clinique le 28 avril. ------------- 23.03.10 - Report du procès de Fahem Boukadous au 27 avril De nouveau, le procès de Fahem Boukadous a été reporté au 27 avril 2010. Après une audience très brève, le 23 mars, le juge a décidé d’ajourner le procès. De nombreux militants des droits de l’homme et des syndicalistes ont été empêchés par les forces de l’ordre d’assister à l’audience. -------------------- 23.02.10 - Report du procès de Fahem Boukadous au 23 mars Le procès en appel de Fahem Boukadous, correspondant de la chaîne El Hiwar Ettounsi, s'est ouvert ce matin devant le tribunal de Gafsa. Une trentaine d’avocats étaient présents et ont pu plaider. Après 5 minutes d’audience, le juge a décidé de reporter le procès sur demande des avocats du journaliste, arguant de l'absence dans le dossier du document qui récapitule les antécédents judiciaires de l'accusé. Le procès a donc été reporté au 23 mars 2010. Les affaires de Fahem Boukadous et de Hassan Ben Abdallah, coordinateur du comité local des diplômés au chômage à Redeyef ont le procès se tenait le même jour, ont été liées. Les trois journalistes Slim Boukhdhir, Zakia Dhifaoui et Mahmoud Dhawadi ont été empêchés par les forces de l'ordre de quitter Tunis afin d'assister à l'audience le 23 février 2010. ----------------- 13.01.10 - Un journaliste condamné à quatre ans de prison ferme Fahem Boukadous, journaliste pour la chaîne satellitaire El Hiwar Ettounsi, a été condamné le 13 janvier 2010 à quatre ans de prison ferme par le tribunal de Gafsa. « Cette décision est tout simplement scandaleuse. C’est la première fois que les accusations ne portent que sur les activités professionnelles d’un journaliste. D’habitude, les autorités tunisiennes utilisent des mascarades judiciaires. Visiblement, elles n’ont plus besoin de monter des procès de toutes pièces contre les journalistes, comme cela a été le cas pour Taoufik Ben Brik et Zouhaïer Makhlouf. C’est affligeant », a déclaré Reporters sans frontières. « Il s’agit clairement d’un procès politique », s’est indignée Sihem Ben Sedrine, directrice de l’OLPEC (Observatoire pour la liberté de presse, d'édition et de création en Tunisie), à Reporters sans frontières. En décembre 2008, le tribunal de première instance de Gafsa (400 km au sud de Tunis) avait condamné Fahem Boukadous, alors en clandestinité, à une peine de six ans de prison ferme, pour “constitution d’une association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens”, suite à la couverture médiatique des manifestations populaires dans la région minière de Gafsa. Le 5 février 2009, la cour d’appel avait confirmé cette condamnation. Le 24 novembre 2009, le journaliste s’est présenté libre au tribunal de Gafsa, mettant ainsi un terme à près de dix-sept mois de clandestinité. Etant absent lors du procès, Fahem Boukadous a fait opposition au jugement. La procédure a donc recommencé depuis le début, annulant les décisions juridiques précédentes concernant le journaliste. Il était jugé aujourd’hui pour les mêmes faits que ceux qui lui étaient reprochés en décembre 2008. Condamné à quatre ans de prison ferme, le journaliste a exprimé son intention de faire appel. « L’audience d’aujourd’hui n’a duré que dix minutes », a déploré Fahem Boukadous à Reporters sans frontières, avant d’ajouter : « Mes avocats ont demandé le report de l’audience pour vice de procédure, mais en vain. La seule question que l’on m’a posée était mon lien avec le mouvement social de Gafsa. Je leur ai répondu que je m’étais alors contenté de faire mon métier, en couvrant les événements qui ont secoué le bassin minier de Gafsa. »
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Updated on 20.01.2016