La condamnation à trois et quatre ans de prison de deux journalistes confirmée en appel

Le 6 juillet 2007, la cour d'appel de Bakou a confirmé la condamnation de Rafik Tagi et Samir Sadagatoglu, respectivement journaliste et rédacteur en chef du journal Sanat, à trois et quatre ans de prison, pour avoir publié le 6 novembre 2006 un article critiquant l'islam, intitulé “L'Europe et nous”. Les deux hommes avaient été condamnés en première instance le 4 mai dernier. “Ce jugement confirme malheureusement que la liberté d'expression est soumise à une pression permanente en Azerbaïdjan. Le contenu et l'application de la loi sont ici en cause et Reporters sans frontières espère que l'affaire sera portée devant une juridiction supérieure. Au stade actuel, il est indispensable que la sécurité des journalistes, menacés de mort par une fatwa de l'Ayatollah Mohammed Fazel Lankarani (Iran), soit garantie”, a déclaré l'organisation de défense de liberté de la presse. Incarcérés depuis le 15 novembre 2006, les deux journalistes ont d'ores et déjà passés presque huit mois en détention. Leur condamnation repose sur l'article 283.1 du code pénal, qui sanctionne “l'incitation à la haine raciale, nationale et religieuse”. ------------------------------------------------------------- Condamnés à trois et quatre ans de prisons pour un article critiquant l'Islam читать на русском Reporters sans frontières dénonce la condamnation à trois et quatre ans de prison, le 4 mai 2007, d'un journaliste et du rédacteur en chef du journal Sanat, pour avoir publié le 6 novembre 2006 un article critiquant l'islam, intitulé “L'Europe et nous”. “Alors que le président de la République, Ilham Aliev, vient de faire son entrée dans la liste des prédateurs de la liberté de la presse, cette condamnation disproportionnée rappelle que la liberté d'expression est menacée en Azerbaïdjan. Nous appelons les autorités à faire preuve de clémence et à remettre en liberté Rafik Tagi et Samir Sadagatoglu, qui ont déjà passé six mois en détention”, a déclaré Reporters sans frontières. “ S'il est conpréhensible que le contenu et le ton de l'article aient pu choquer une partie de la population, l'arrestation, la condamnation à des peines de prison ferme et la publication d'une fatwa (décret religieux) contre les deux professionnels des médias sont scandaleuses. Il faut rappeler qu'il ne s'agit pas de criminels, mais de journalistes faisant état de leur opinion. Comme l'explique la Cour européenne des droits de l'homme, «la liberté d'opinion vaut non seulement pour les informations ou les sujets considérés comme inoffensifs ou indifférents, mais aussi pour les opinions qui heurtent, choquent ou inquiètent», a ajouté l'organisation de défense de la liberté de la presse. “Enfin le procès s'est déroulé dans un climat de tension incompatible avec l'exercice d'une justice sereine et impartiale : des représentants religieux radicaux ont assisté aux audiences et proféré des menaces à l'encontre des accusés, sans être rappelés à l'ordre par le juge”, a précisé Reporters sans frontères. Rafik Tagi et Samir Sadagatoglu ont déclaré qu'ils ne se considéraient coupables d'aucun crime et qu'ils feraient appel de la décision de la cour. L'article “L'Europe et nous” affirme la supériorité des valeurs européennes sur celles de l'orient. L'auteur soutient notamment que l'islam est une manifestation du despotisme oriental et que la raison pour laquelle l'islam n'a pu prendre racine en Europe est l'existence de valeurs humanistes et universelles. L'auteur compare également Jésus-christ avec Mahomet, qui, selon lui, est l'auteur de déclarations agressives en comparaison des propos du premier. Enfin, il affirme que les progrès de l'Azerbaïdjan sont dus à l'infuence des valeurs européennes, et en aucun cas, à celles de l'islam. --------------------------------------------------------------- 12 janvier 2007 Détention prolongée pour deux journalistes de Sanat Le 11 janvier 2007, la déténtion de Rafiq Tagi et de Samir Sadagatoglu, respectivement journaliste et rédacteur en chef du journal Sanat, a été prolongée de deux mois. Le juge du tribunal de la région de Nasimi, Gulnara Tagizade, a justifié sa décision par la nécessité de mener des investigations complémentaires. Rafiq Tagi et Samir Sadagatoglu sont détenus depuis le 15 novembre 2006. Ils sont poursuivis pour “incitation à la haine raciale, nationale et religieuse” (art. 283.1 du code pénal), après la parution, le 6 novembre 2006, d'un article intitulé “L'Europe et nous”. Etablissant une comparaison entre l'Europe et l'Orient et affirmant la supériorité des valeurs européennes, celui-ci avait soulevé l'indignation d'un partie de la population azérie mais aussi iranienne. Le 25 novembre, une fatwa (décret religieux) avait été émise par l'un des plus grands ayatollah de la république islamique d'Iran. Elle appelait à tuer le journaliste “apostat” et le rédacteur en chef du journal qui a autorisé la publication de l'article.
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Updated on 20.01.2016