La commission d’enquête sur le meurtre de Sardasht Osman rend ses premières conclusions

La commission d’enquête mise en place par le président du KRG Massoud Barzani afin d’enquêter sur l’enlèvement et le meurtre du journaliste Sardasht Osman, assassiné en mai dernier, a rendu, hier, ses premières conclusions. Dans un communiqué de presse publié le 15 septembre, elle déclare que le meurtre de Sardasht Osman n’aurait aucun lien avec ses activités de journaliste. Il aurait été assassiné pour avoir refusé de collaborer avec le mouvement islamique radical Ansar Al-Islam, ramification d’Al-Qaïda. Une personne impliquée dans l’enlèvement du jeune homme aurait été arrêtée. Il s’agit de Hicham Mahmoud Ismaïl, chauffeur et mécanicien dans le district de Beji. Ce dernier aurait avoué aux enquêteurs que sa mission consistait à transporter Sardasht de Shargat (près de Tikrit) à Mossoul. Il a déclaré ignorer que Sardasht allait être assassiné. Deux hommes seraient, d’après ses aveux, responsables de l’assassinat. Reporters sans frontières salue les efforts déployés par les autorités afin de retrouver les assassins du journaliste Sardasht Osman. Toutefois, l’organisation s’interroge sur la crédibilité de cette enquête : lors de leur mission en juillet dernier au Kurdistan irakien, les représentants de Reporters sans frontières avaient tenté, en vain, de rencontrer les personnes qui composent la commission d’enquête. Il leur avait été impossible d’établir la liste des membres de cette commission, malgré leurs contacts à haut niveau au sein du ministère de l’Intérieur, des Asayesh, et du cabinet du Premier ministre Dr Barham Salih. L’organisation reste prudente sur les résultats de l’enquête, dans la mesure où les conclusions reposent sur les aveux d’un seul homme. Elle demande aux autorités de fournir les preuves à disposition de cette commission. Dans un communiqué publié le 15 septembre, le frère du journaliste, Baker Osman, déclare : « Non seulement nous rejetons les résultats de l’enquête, mais nous condamnons cette action et nous exprimons notre colère face à ces tentatives qui visent à le faire passer pour un terroriste coopérant avec Ansar Al-Islam. » Avant d’ajouter : « Quiconque connaît Sardasht, ou lit ses articles, sait qu’il était laïc, très éloigné de l’idéologie terroriste. » Sardasht Osman était étudiant en langue et littérature anglaise. Il écrivait pour le site www.kurdistanpost.info. Enlevé le 4 mai dernier devant le département de langues de l’université Salahadin d’Erbil par des individus armés, son corps a été retrouvé deux jours plus tard à Mossoul (http://fr.rsf.org/irak-un-deuxieme-journaliste-assassine-06-05-2010,37396.html). Reporters sans frontières rappelle que le journaliste Soran Mama Hama, travaillant pour Lvin Magazine, a été assassiné le 21 juillet 2008 (http://fr.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=27897). Lors de la cérémonie d’hommage organisé en juillet 2010 à Suleimanieh, sa famille avait déploré l’absence d’avancée de l’enquête et le manque de volonté des autorités à vouloir faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat.
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Updated on 20.01.2016