La commission d’enquête indépendante donne raison aux journalistes

Lire en arabe / بالعربية Reporters sans frontières exprime sa satisfaction après avoir pris connaissance des conclusions et recommandations de la commission d’enquête indépendante diligentée par la présidence de l’Autorité palestinienne. Présidée par Monsieur Manib Al-Masri, celle-ci avait été mise en place suite aux actes de violences perpétrés par les forces de l’ordre à l’encontre des manifestants et des journalistes présents le 30 juin et le 1er juillet 2012 à Ramallah. Le 17 juillet 2012, deux semaines après la création d’une commission d’enquête sur les violences perpétrées par les forces de l’ordre à l’encontre des professionnels de l’information en marge de la visite officielle du vice-Premier ministre israélien à Ramallah, Reporters sans frontières avait adressé un courrier au ministre de l’Intérieur de l’Autorité palestinienne, Said Abou Ali, l’enjoignant de communiquer les premières conclusions de cette commission. (Voir ci-dessous) Dénonçant un recours “injustifié” à la force, le rapport de la commission pointe les responsables des services de sécurité, et déplore leur manque de professionalisme. Au cours de ces deux journées, les policiers ont usé d’une violence disproportionnée, alors qu’aucune résistance ne leur a été opposée. Par ailleurs, les forces de l’ordre ont manqué au respect des droits des citoyens placés en garde à vue. Journalistes et photographes ont délibérément été visés, agressés et parfois arrêtés par la police, alors qu’ils ne faisaient que leur travail. L’Autorité palestinienne se voit recommander d’auditionner les hauts fonctionnaires de police de Ramallah devant une autorité judiciaire compétente, et de prendre les dispositions nécessaires si des fautes et des irrégularités ont été commises. S’il s’avère qu’ils n’ont reçu aucun ordre dans ce sens, les policiers impliqués dans des actes de violence devront également répondre de leur comportement devant la justice. La commission exhorte le président de l’Autorité palestinienne à interdire la participation de policiers en civil dans l’encadrement des manifestations pacifiques. Les policiers doivent porter leur uniforme afin d’éviter toute réaction et débordement des manifestants. Reporters sans frontières prend acte des recommandations mentionnées dans le rapport, et veillera à ce que les responsables et les auteurs des agressions contre les professionnels de l’information soient traduits devant les autorités judiciaires compétentes. L’organisation rappelle que ces exactions sont contraires à la liberté d’information ainsi qu’aux droits d’expression les plus élémentaires du peuple palestinien. Voici le texte de la lettre adressée le 17 juillet dernier au ministre de l’Intérieur, Monsieur Said Abou-Ali. Monsieur Said Abou-Ali
Ministre de l’Intérieur
Ramallah
Le 17 juillet 2012
Monsieur le Ministre, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l’information, souhaiterait obtenir des informations relatives aux avancées de l’enquête ordonnée suite à l’agression de journalistes les 30 juin et 1er juillet derniers par des forces de l’ordre. A l’occasion de la visite du vice-Premier ministre israélien, Monsieur Shaul Mofaz, à Ramallah, le 30 juin dernier, plusieurs journalistes et photographes venus couvrir la rencontre et les manifestations organisées en marge de cet événement, ont été la cible d’agressions de la part des forces de sécurité. Ces actes de violences se sont réitérés le lendemain. Ainsi, le bilan de ces deux journées est lourd. Le 30 juin 2012, Mohamed Jaradat, journaliste indépendant, a été violemment frappé par quatre policiers en civil, vers 18h, alors qu’il couvrait la manifestation en marge de la visite de Shaul Mofaz. Les quatres policiers lui ont confisqué son matériel, avant de l’emmener au poste de police, où les coups ont continué à pleuvoir. Cette agression a été perpétrée alors même que Mohamed Jaradat ne cessait de répéter qu’il était journaliste, et qu’il a montré sa carte de presse aux forces de l’ordre. Blessé à l’oeil gauche et souffrant de multiples ecchymoses, il a été transféré à l’hôpital pour y recevoir des soins. (photo MADA 2/07) Le 1er juillet, un photographe de l’agence de presse Reuters, Saed Al-Hawari, a été également violenté par des agents en civil qui ont essayé de lui confisquer son appareil photo. Ahmed Musleh, photographe indépendant, a été agressé et interpellé. Quant à Ahmed Odeh, photographe pour Quds Media, son matériel a été confisqué. Issam Rimawi, photographe pour Al-Hayat Al-Jadeda, et Mahmoud Harebat, journaliste, ont également été visés. Le 2 juillet, suite au rassemblement de dizaines de journalistes pour protester contre ces exactions, le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas vous a demandé de mettre en place une commission d’enquête indépendante, chargée d’identifier les responsables de ces violations de la liberté de l’information. Reporters sans frontières prend acte de cet engagement. Quinze jours après la mise en place de cette commission d’enquête, Reporters sans frontières souhaite connaître les premières conclusions de cette enquête. L’organisation restera vigilante à ce que les responsables des violences soient sanctionnés. Je vous remercie de l’attention que vous porterez à notre requête, et je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération. Olivier Basille
Secrétaire général
(Photo : Monsieur Said Abou Ali, Ministre de l'Intérieur de l'Autorité palestinienne / Palestinian news & info agency)
Publié le
Updated on 20.01.2016