La censure du Net en Turquie tellement excessive qu’elle sombre dans le ridicule
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Reporters sans frontières hésite entre amusement et consternation suite à la décision prise, le 27 avril 2011, par la Haute instance de la télécommunication (TIB), de censurer plus d’une centaine de mots-clés utilisés sur Internet.
“Si l’objectif officiel de la TIB est le contrôle de la pornographie, on peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles des prénoms comme “Adrianne”, “Haydar”, des termes généraux comme “free”, “pic” (de l’anglais picture) ou “belle-sœur”, “gros” et “grosse” apparaissent dans la liste des mots censurés. Alors que le pays bloque déjà des milliers de sites qui abordent des sujets jugés sensibles, les conséquences d’un tel filtrage pourraient être désastreuses pour la liberté d’expression des internautes en Turquie. Les autorités doivent renoncer à ce projet et, au contraire, réformer la loi 5651 sur Internet qui rend possible cette censure abusive”, a déclaré Reporters sans frontières
La TIB a fait parvenir aux hébergeurs et fournisseurs d’accès à Internet une liste de 138 mots-clés à bannir des noms de domaine turcs. De nouveaux sites comprenant les termes sélectionnés ne pourront pas être créés, et les domaines existants seront supprimés. Le champ d’application de cette décision administrative n’est cependant pas clairement défini. La TIB pourrait également décider de s’attaquer au contenu et de supprimer ou bloquer des pages si elle constate la présence d’un seul mot blacklisté. Les internautes sont maintenus dans un flou juridique inacceptable au sujet de cette nouvelle mesure liberticide.
Cette liste, qui frise déjà le ridicule, en comprenant des mots comme “jupe”(etek), “belle-sœur” (baldiz) ou “animaux” (hayvan), pose de sérieux problèmes pour l’accès à l’information sur Internet : les mots “free” et “pic” seront désormais censurés, radiant ainsi du Net turc de nombreuses références aux libertés ou à des images d’actualité.
Yaman Akdeniz, maître de conférence en droit à l’université de Bilgi d’Istanbul, a interpellé la TIB via le formulaire de contact mis à la disposition des internautes. Il a demandé à cette instance de s’expliquer sur la présence de certains mots sur la liste noire, et exigé l’accès aux documents relatifs à l’élaboration de cette liste. Reporters sans frontières soutient la démarche de Yaman Akdeniz et appelle la TIB a répondre à sa demande dans les plus brefs délais.
La Turquie bloque déjà plus de 7000 sites. Atatürk, l’armée, la nation, la question des minorités, notamment kurde, les organisations dites "terroristes" restent des sujets hautement sensibles et censurés en ligne. La grande majorité des blocages sont le résultat de décisions administratives, sur ordre administratif de la Tib. La Turquie a été placée “sous surveillance” par Reporters sans frontières dans la liste des Ennemis d’Internet publiée le 11 mars 2011.
Publié le
Updated on
20.01.2016