La censure atteint des sommets
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Alors que la Chine passe au second rang de l'économie mondiale, les autorités investissent encore dans leur système de censure sur Internet, appelé la "Grande Muraille électronique", de loin déjà le plus sophistiqué au monde. Le gouvernement continue également à resserrer son étau sur les militants des droits de l'homme. S'il avait pour projet d'anéantir toute forme de liberté d'expression, il ne s'y prendrait pas autrement.
Une censure toute puissante sur les événements au Moyen-Orient
L'information sur les manifestations pro démocratiques au Moyen-Orient a été totalement réprimée par les autorités. Non seulement les mots clés tels que "jasmin", "Egypte", "Libye" ou encore "Tunisie" et "démocratie" ont été bannis de la toile chinoise, mais plusieurs projets de manifestations, après des appels lancés en ligne, ont été tués dans l'œuf, le 20 février 2011, à Pékin, Shanghai, Canton et une dizaine d'autres villes. Les journalistes n'étaient pas autorisés à couvrir les événements. La présence de nombreuses forces de l'ordre sur les lieux prévus pour ces rassemblements populaires et l'interdiction d'en débattre en ligne montrent la nervosité du gouvernement chinois.
Preuve que les autorités n'ont aucunement l'intention d'assouplir leur politique de censure, lors d'un séminaire qui a eu lieu le 19 février 2011, le président Hu Jintao a défini les "huit axes" de sa stratégie de contrôle social, dont la septième traite de la cybercensure. Il a ainsi appelé les dirigeants provinciaux à "augmenter le niveau de contrôle de la société virtuelle et à perfectionner les mécanismes de canalisation de l'opinion publique en ligne." Cette stratégie vise à consolider l'"harmonisation" de la société, euphémisme souvent utilisé par le gouvernement pour justifier la censure.
Une lettre ouverte mise en ligne sur le site basé à l'étranger, Boxun.com, a été adressée à l'Assemblée nationale populaire chinoise, dont la session plénière annuelle s'ouvrira le 5 mars prochain. Cette lettre, qui émanerait du groupe à l'origine des rassemblements en Chine, reprend les revendications des populations des pays arabes et appelle le gouvernement chinois à plus de transparence et à moins de censure : "Si le gouvernement n'entend pas réellement résoudre ces problèmes mais se contente de vouloir censurer Internet et de bloquer l'information pour supprimer les protestations, ces dernières vont au contraire se renforcer".
Comment le Département de la propagande éradique tout sujet sensible pour donner une impression de stabilité sociale
La presse écrite est toujours dans la ligne de mire du Département de la propagande. Au nom de la suppression de la "fausse information", de nombreux journalistes ont été écartés de leur rédaction.
Dans la province du Sichuan (centre), le journaliste d'investigation Long Can (龙灿), a été licencié du quotidien Chengdu Shangbao (成都商报), le 21 janvier. Son collègue, Li Jianjun (李建军) a été renvoyé à son tour, le 17 février, pour avoir dénoncé, dans un article, ce licenciement abusif.
De plus, le magazine d'histoire Kan Lishi (看历史), a été forcé par la section sichuanaise du Département de la propagande de licencier son rédacteur, Ma Lan(马兰), pour son article "Le dernier guerrier", qui remettait en cause certains éléments de l'histoire officielle concernant la guerre sino-japonaise.
Dans le Hubei (centre-est), trois journaux, Changjiang Ribao (长江日报), Chutian Jinbao (楚天金报), et Wuhan Wanbao (武汉晚报) ont été censurés et fortement critiqués par le Département de la propagande pour avoir repris un article publié dans le journal économique Caijing (财经), "the Public Band" (公共裙带), qui dénonçait une importante affaire de corruption.
De plus, le Département de la propagande a lancé une nouvelle directive, le 15 février 2011, qui impose le "refroidissement" médiatique et la limitation quantitative de publications concernant les enlèvements d'enfants, sujet qui a largement été traité par la presse et a ému l'opinion publique.
Publié le
Updated on
20.01.2016