Kurdistan irakien : un mort et de nombreux journalistes interpellés

Un journaliste est décédé et plusieurs autres ont été victimes de violence des forces de l’ordre dans la région autonome du Kurdistan, secouée par des manifestations antigouvernementales. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une volonté choquante d’empêcher les journalistes de couvrir les protestations.

“Journée noire” pour les journalistes au Kurdistan irakien, ont titré les médias locaux. Alors que plusieurs villes de la région autonome connaissent un vaste mouvement de protestations anti-pouvoir, le journaliste de la chaîne officielle de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) Gali Kurdistan TV , Huner Rasool est décédé le 12 août des suites de ses blessures. Celui-ci se trouvait à Ranya (province de Souleymanieh), entre les forces de l’ordre et les manifestants, et a fait une chute en tentant d’échapper aux affrontements. Ses collègues ont annoncé son décès environ une heure après son transport à l’hôpital.


De nombreux autres journalistes ont été interpellés par les forces de l’ordre, notamment ceux travaillant pour la chaîne NRT, dont le propriétaire est le fondateur du mouvement d’opposition Nouvelle Génération. Ainsi, à Koya, le reporter Harem Khalid et son caméraman ont été détenus quatre heures avant d’être libérés. A Dohuk, les forces de sécurité ont empêché les journalistes de quitter le bureau local de la chaîne, les contraignant à devoir couvrir la manifestation en communiquant à distance avec des participants. A Erbil, le reporter Muhammad Amir et son caméraman ont été brièvement interpellés et leur matériel saisi ne leur a pas été restitué. 


Cette accumulation de violations en une seule journée est extrêmement choquante, dénonce Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à RSF. Il apparaît clairement que les autorités tentent d’empêcher les journalistes de couvrir les manifestations en les maintenant en détention et en leur confisquant leur matériel. Ces entraves évidentes au droit d’informer ne sont pas acceptables.


Les journalistes de NRT n’ont pas été les seuls ciblés. Un reporter du site d’informations Kurd One et un autre de la chaîne Payam TV ont également été interpellés.


Depuis le début de la pandémie, les violations contre les journalistes se multiplient au Kurdistan irakien. En avril, plusieurs journalistes ont été interpellés pour avoir couvert des manifestations ou les avoir évoqué sur les réseaux sociaux. En juin, le procureur général a demandé la suspension de NRT sous le prétexte que la chaîne incitait à ne pas respecter le couvre-feu.


L’Irak occupe la 162e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 14.08.2020