Khin Maung Win, libéré le 9 avril 2004, s'est exprimé, pour la premiere fois depuis sa sortie, lors d'une interview pour la radio Democratic Voice of Burma. Le photojournaliste a tout d'abord relaté le déroulement de son procès, avant de s'expliquer sur la grève de la faim qu'il avait déclenchée lors de sa détention.
Khin Maung Win, libéré le 9 avril, s'est exprimé lors d'une interview pour la radio Democratic Voice of Burma. Le photojournaliste a tout d'abord relaté le déroulement de son procès : "Ils m'ont arrêté pour avoir pris des images video d'Aung San Suu Kyi. A la cour, j'ai déclaré que c'était mon travail et que, depuis 1986, j'avais réalisé des reportages de mariages, d'anniversaires et de certains événements, pour les familles des membres du MIS (police militaire). Cette fois, on m'a demandé d'aider à la réalisation d'un reportage sur Aung San Suu Kyi et c'est ce que j'ai fait. J'ai expliqué à la cour qu'il n'y a pas de loi interdisant les prises de vues la concernant."
Khin Maung Win s'est également expliqué sur la grève de la faim qu'il avait déclenchée lors de sa détention : "J'ai été envoyé à la prison de Kalay en 1998 et y suis resté quatre ans. Les conditions de détention se dégradaient continuellement. Nous étions très peu nourris, très peu soignés, et le temps de douche avait également été réduit. De plus, les prisonniers politiques étaient traités différemment des criminels. Eux pouvaient bénéficier de réductions de peine, alors que c'était impossible pour nous. C'est pour cela que nous avions décidé d'entamer une grève de la faim. Après quatre jours, nous avons été séparés et envoyés dans différentes prisons."
Sunny ne pense pas avoir bénéficié de la tenue prochaine d'une Convention nationale, mais il "espère que tous les autres prisonniers politiques seront libérés rapidement. Je prie sans cesse pour cela."
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Khin Maung Win, dit Sunny, photographe et cameraman attaché à la Ligue nationale pour la démocratie (LND, opposition) a été libéré le 9 avril 2004. Il avait été arrêté le 13 juin 1997 pour avoir participé à la réalisation et à la sortie vers l'étranger d'une interview d'Aung San Suu Kyi, puis condamné à 7 ans de prison.
Reporters sans frontières se réjouit de cette libération, mais regrette qu'elle ne soit pas intervenue plus tôt. L'association reste inquiète quant à la santé physique et mentale des onze journalistes toujours emprisonnés. Reporters sans frontières réitère son appel à l'intégration de la liberté de la presse dans la "feuille de route vers la démocratie" proposée par la junte birmane au pouvoir.
Lors de sa sortie, Sunny, 44 ans, a déclaré dans un entretien avec la radio Democratic Voice of Burma, qu'il était en bonne santé mais qu'il avait besoin de temps pour reconstruire sa vie. Concernant ses conditions de détention, le journaliste s'est essentiellement plaint d'avoir été détenu successivement dans 4 prisons différentes, aux quatre coins du pays (Rangoon, Kalay, Loikaw, Khantee), ce qui a rendu d'autant plus difficiles les rares visites autorisées de sa famille.
Il avait été interpellé en même temps que quatre autres membres de la LND. Ils avaient organisé la sortie à l'étranger d'un enregistrement vidéo d'un entretien avec le Prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, dont Sunny avait assuré la réalisation. La vidéo avait ensuite été diffusée lors d'une conférence de presse en marge d'un sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN). Le 27 juin 1997, le lieutenant général Khin Nyunt, chef des services secrets militaires (MIS) avait accusé le groupe de "collaboration avec des activistes antigouvernementaux à l'étranger et avec des militants de la destruction à l'intérieur du pays". Le procès avait été expéditif, sans possibilité de se défendre.
Photographe et cameraman de profession, Khin Maung Win s'était engagé au sein de la LND, le parti d'Aung San Suu Kyi, au début des années 1990.