Khadija Ismaïlova arbitrairement emprisonnée depuis six mois
Ce vendredi 5 juin 2015 marquera les six mois de détention de la journaliste azerbaïdjanaise Khadija Ismaïlova, arrêtée arbitrairement par le régime d’Ilham Aliev.
Célèbre pour ses enquêtes sur la corruption au sommet de l’Etat, cette pionnière du journalisme d’investigation a été arrêtée le 5 décembre 2014 dans une affaire montée de toutes pièces. Reporters sans frontières (RSF) exhorte à nouveau les autorités à libérer immédiatement Khadija Ismaïlova.
“Alors que Bakou s’apprête à accueillir des visiteurs de tout le continent à l’occasion des premiers Jeux olympiques européens, nul ne peut ignorer l’énorme scandale que constitue la détention arbitraire de Khadija Ismaïlova, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de Reporters sans frontières. Malgré la prison, ses problèmes de santé et de fréquents placements à l’isolement, elle continue à se battre et adresse régulièrement des messages combatifs et confiants à ses collègues restés en liberté. Les journalistes qui se rendront bientôt en Azerbaïdjan lui doivent de ne pas fermer les yeux et d’alerter le monde entier sur la répression à l’oeuvre dans le pays.”
Khadija Ismaïlova était initialement accusée d’avoir “incité au suicide” un de ses anciens collègues, mais celui-ci s’est rétracté en affirmant avoir porté plainte sous la pression des services de sécurité. En février, quatre nouvelles charges ont cependant été ajoutées à l’encontre de la journaliste : “détournement de fonds à grande échelle”, “commerce illégal”, “évasion fiscale” et “abus de pouvoir”. Les autorités ont ainsi rattaché le dossier de Khadija Ismaïlova à l’enquête ouverte contre le bureau de Radio Free Europe / Radio Liberty à Bakou, que la journaliste avait dirigé. Elle risque jusqu’à douze ans de prison et ne connaît toujours pas la date de son procès.
Tous les recours demandant la remise en liberté conditionnelle de Khadija Ismaïlova ont été rejetés. Le 15 mai, sa détention provisoire a été prolongée pour au moins trois mois. La journaliste est placée à l’isolement quelque temps à chaque fois qu’elle réussit à faire parvenir une lettre à l’extérieur.
L’Azerbaïdjan figure à la 162e place sur 180 du Classement mondial 2015 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Suite à la campagne d’éradication sans précédent que les autorités mènent contre les dernières voix indépendants depuis un an, le pays a enregistré l’une des chutes les plus importantes du Classement mondial en performance absolue. Outre Khadija Ismaïlova, sept journalistes et quatre net-citoyens sont aujourd’hui derrière les barreaux du fait de leur activité d’information.