Kazakhstan : Malgré les promesses présidentielles, les journalistes sont toujours empêchés de couvrir les élections librement

Une dizaine de reporters ont subi des obstructions à leur travail lors du vote pour les députés au Kazakhstan. RSF enjoint le président Tokaïev à œuvrer pour mettre fin à ces entraves à la liberté d’informer.

Condamnée pour avoir fait son travail, Janna Baïtelova est jugée coupable d’avoir enfreint la loi électorale pour avoir prétendument réalisé un sondage à la veille des élections législatives au Kazakhstan. La journaliste, correspondante de RSF, a simplement interviewé quelques passants sur leur intention ou non d’aller voter et leur analyse de la nouvelle donne électorale. Trois jours après ce micro-trottoir publié par le média indépendant Respublika, le 20 mars 2023, un tribunal lui a infligé une amende de 102 euros. La journaliste compte faire appel de la décision.

“L’usage de ce type de méthodes empêchant les journalistes de couvrir correctement les élections prouve que le ‘Nouveau Kazakhstan’ promis par Kassym-Jomart Tokaïev peine à émerger, souligne la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. RSF presse le président de tenir ses promesses et d’agir concrètement pour la liberté de la presse, au risque de perdre toute crédibilité.

La rédactrice en chef de l’hebdomadaire Ouralskaïa Nedelia Tamara Esliamova a dû, elle aussi, faire face à des accusations juridiquement infondées de sondage illégal. Grâce à sa hotline pour les journalistes mise en place pour les élections, l'association de défense de la liberté d’expression Adil Soz a relevé neuf autres cas d’entraves, du refus de fournir des informations fondamentales comme le nombre de votants ou les résultats des votes , aux interdictions de filmer des responsables de bureaux de votes. Illégales, celles-ci nuisent grandement à une couverture médiatique complète et transparente qui établirait un lien de confiance entre les citoyens et leurs institutions, souligne Adil Soz dans un communiqué.

Les élections du 19 mars, à peine plus d’un an après l’issue sanglante des émeutes de janvier 2022, devaient marquer un renouveau démocratique, promis depuis plusieurs mois par le président Tokaïev. Cependant, à l’image des pressions subies par les journalistes, de nombreux observateurs ont dénoncé des irrégularités au profit des candidats soutenus par le président.

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