Journaliste traqué : Jean Bosco Gasasira, condamné à 2 ans et 6 mois de prison, son site internet falsifié
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Reporters sans frontières dénonce la décision prononcée par la Cour suprême, ce vendredi 3 juin vers 11h, de condamner Jean Bosco Gasasira à 2 ans et 6 mois de prison ferme pour sa version en ligne du journal indépendant Umuvugizi. Fleuron du journalisme critique au Rwanda, Jean Bosco Gasasira est condamné pour appel à la désobéissance civile et outrage au chef de l'Etat. Le chef d'accusation de violation délibérée de la loi sur les médias a été abandonné. Prévue pour le 27 mai, la décision a été repoussée d'une semaine. Contacté il y a une semaine par Reporters sans frontières, l'accusé avait exprimé sa certitude d'être condamné. Selon lui, ce répit aurait eu pour but de donner plus de temps à la Cour suprême pour trouver des pièces à convictions plausibles, et surtout plus solides. Cette condamnation, sans appel, signifie l'impossibilité pour le journaliste, actuellement en exil, de revenir au Rwanda, sous peine d'arrestation immédiate. Jean Bosco Gasasira est désormais considéré comme un élément indésirable, hors-la-loi et fugitif dans son pays, voire dans d'autres pays d'Afrique.
Interrogé par Reporters sans frontières, Jean Bosco Gasasira a déclaré ne pas craindre ces lois ni être intimidé par de telles actions. "Le gouvernement souhaite m'empoisonner l'existence et m'empêcher de faire mon travail, a affirmé le journaliste. Cette condamnation est une décision désespérée, prononcée par de vieux prédateurs des médias. Il faut alerter la communauté internationale sur de telles méthodes" a-t-il ajouté.
Menacé à de nombreuses reprises, passé à tabac en 2007, et censuré, Jean Bosco Gasasira est traqué, jusqu'en-dehors des frontières du pays. Son site internet subirait des attaques depuis quelques jours. Une fausse version du site, vraisemblablement créée par des individus proches du gouvernement, est apparue sur la toile (http://umuvugizi.wordpress.com/). Selon le journaliste, cette version falsifiée permettrait au gouvernement de surveiller les lecteurs du journal critique, et surtout de propager de fausses informations.
La situation de la liberté de la presse est extrêmement préoccupante au Rwanda. Le gouvernement s'évertue à faire taire les médias libres et indépendants. A la tête du pays, Paul Kagamé figure dans la liste des prédateurs de la presse dressée chaque année par Reporters sans frontières.
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29.04.2011
Dix ans de prison ferme requis contre Jean Bosco Gasasira, directeur du bimensuel Umuvugizi
Reporters sans frontières est consternée par l'acharnement des autorités rwandaises contre l'une de leurs bêtes noires, Jean Bosco Gasasira, directeur du bimensuel Umuvugizi, figure du journalisme critique au Rwanda. Le 28 avril 2011, à l'issue d'un procès tenu en l'absence de l'accusé, contraint à l'exil depuis plusieurs mois, et sans avocat de la défense, le ministère public a requis devant la Cour suprême un emprisonnement de dix ans contre le journaliste, alors même que celui-ci avait été blanchi par la Haute Cour, en septembre 2010.
Jean Bosco Gasasira est poursuivi pour trois chefs d'accusation : "propagation de rumeurs appelant les populations à la désobéissance civile", "lèse-majesté à l'égard du président de la République" et "violation délibérée de la loi régissant les médias au Rwanda". La Cour suprême, autorité dont les décisions sont sans appel, annoncera sa décision le 27 mai prochain.
La justice rwandaise, aux ordres des plus hautes autorités de l'Etat, semble décidée à condamner ce journaliste à tout prix. Il s'agit pour le gouvernement de Paul Kagamé de salir la réputation de Jean Bosco Gasasira et de rendre son retour au pays impossible. Nous demandons à la Cour suprême de suivre la dernière décision de la Haute Cour et de ne pas le condamner.
Dans le collimateur des autorités depuis plusieurs années, Jean Bosco Gasasira a été régulièrement poursuivi en justice et harcelé. Le 13 avril 2010, le journal Umuvugizi avait été suspendu pour six mois . Alors que la tension autour de l'élection présidentielle d'août 2010 montait, le journaliste, décidé à poursuivre ses activités, avait choisi le chemin de l'exil et opté pour le lancement d'une version en ligne de son journal. Avec ses publications sur Internet, Jean Bosco Gasasira reste un élément gênant pour Kigali. Le 3 juin 2010, le site avait été bloqué suite à une décision du Haut Conseil des médias rwandais, un précédent inquiétant pour la circulation de l'information en ligne dans le pays.
Reporters sans frontières rappelle que deux femmes journalistes, Agnès Uwimana Nkusi, directrice du bimensuel privé Umurabyo, et Saidath Mukakibibi, l'une de ses employées, ont été condamnées, le 4 février dernier, à dix-sept et sept ans de prison . L'organisation demande leur libération immédiate et sans conditions.
Publié le
Updated on
20.01.2016